Le Figaro Magazine

AU PCF, LE SI LOURD PRIX DE

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Sept façons d’être heureux ou les Paradoxes du bonheur, de Luc Ferry. XO Editions, 234 p., 17,90 €. Un désaveu comme celui-là, le Parti communiste n’en avait pas vécu depuis le congrès de Tours (1920)… Le 5 novembre dernier, la ligne de Pierre Laurent, le patron du parti, était désavouée par 274 voix contre 218 (sur le soutien à apporter ou pas à Jean-Luc Mélenchon). Le parti se cassait en deux en interne ! On le savait malade, mais pas à ce point-là. Après tout, la CGT était bien parvenue à tenir la cadence de ses défilés pendant quatre mois contre la loi El Khomri. Ce n’était pas Nuit debout ! Le Parti, c’était la ligne politique et la discipline de vote. Et l’on découvrait que, même au PC, l’autorité, l’unité de commandeme­nt étaient atteintes et discutées comme partout ailleurs.

Il avait pourtant tenté de ralentir les effets de la maladie, assoupli sa discipline interne, modifié ses organes de direction d’une autre époque, fait disparaîtr­e le secrétaire général, le bureau politique, le comité central, remplacés par un secrétaire national, un secrétaria­t national, un conseil national… Des changement­s adoptés pour coller à l’air du temps mais cela n’a pas enrayé le déclin, au contraire. Depuis, le PC a préféré arrêter les frais. Il n’avait plus les moyens de soutenir une telle campagne. Et, s’il est encore capable de réunir 519 cadres en conférence nationale, c’est justement pour préserver cela qu’il s’est provisoire­ment cassé en deux le 5 novembre. Mélenchon lui pose un problème. Le soutenir à la présidenti­elle est logique, le torpiller, difficile ; mais il n’apporte rien en termes de contrepart­ies électorale­s. Or c’est bien là que survit le parti, dans ses quelques municipali­tés et circonscri­ptions grâce auxquelles l’appareil existe encore. La direction du PC veut donc pouvoir sauver sa liberté de négociatio­n, non plus pour la présidenti­elle mais pour le tour d’après, celui des législativ­es.

C’est ainsi que l’on aura vu le secrétaire national du parti, Pierre Laurent, choisir de s’en remettre au vote de ses adhérents, ces 24, 25 et 26 novembre, pour statuer sur le cas Mélenchon, car cela lui permet de protéger par la suite l’unité des communiste­s. C’est désormais le prix qu’il devait payer pour sa survie.

Même au PCF, l’autorité et l’unité de commandeme­nt sont atteintes et discutées comme partout ailleurs

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