LE MANUEL DE RÉSISTANCE
DE ZINEB EL RHAZOUI
Si elle a survécu, c’est pour continuer à « l’ouvrir ». La vie de Zineb El Rhazoui, journaliste à Charlie Hebdo, a basculé le 7 janvier 2015. En vacances à Casablanca, elle échappe au massacre. Lors de son retour à Paris au lendemain de la tragédie, elle est accueillie à l’aéroport par des policiers qui ne la quitteront plus. La survivante, bête noire des islamistes, devient la femme la plus protégée de France. D’autres à sa place auraient choisi de fuir ou de se cacher, de changer d’identité pour se faire oublier. Pas Zineb. Pour elle, il était plus que jamais nécessaire de porter la plume dans la plaie. Rien désormais ne la fera taire : ni les fatwas des barbus de Daech, ni celles des ayatollahs de salon qui pratiquent le terrorisme intellectuel. Court et percutant, son dernier essai, Détruire le fascisme islamique, est écrit avec la rage des insoumis. Sa démonstration sans concession n’en est pas moins solidement argumentée. Zineb n’hésite pas à briser certaines impostures entretenues par le politiquement correct. Oui, il y a bien un lien entre islam et islamisme. Non, l’islam n’est pas « une religion de paix et d’amour ». « Ce que l’on appelle l’islamisme n’est rien d’autre qu’une stricte application de l’islam », martèle-t-elle, rappelant les versets du Coran qui encouragent explicitement le djihad. Le concept d’islamophobie est un leurre qui a pour but de faire taire toute critique envers la religion musulmane. « Grâce à cette ruse sémantique, les islamistes ont réussi à poser en France la première pierre du joug totalitaire qu’ils ont construit ailleurs par la coercition et la terreur », explique Zineb. Car, selon elle, l’islamisme est un totalitarisme. Et comme dans tous les totalitarismes, l’individu est nié au profit du groupe. « Le combat islamiste pour normaliser le port de l’uniforme salafiste est une technique de marquage visuel qui permet d’identifier les non-adhérents à l’idéologie islamiste », analyse la journaliste.
Manuel de résistance au fascisme vert, son livre est aussi une charge contre ceux qu’elle appelle les « collaborationnistes » : les élus locaux qui cèdent du terrain aux communautaristes pour mieux être réélus, mais aussi une partie de l’extrême gauche, qui considère les « musulmans » comme un nouveau prolétariat et enfin les antiracistes différentialistes qui les assignent à résidence identitaire. Zineb conclut, « pour lutter efficacement contre le terrorisme, il va falloir lutter contre l’idéologie qui le produit ». Et contre ceux qui en sont les complices ou les idiots utiles.
de Zineb El Rhazoui, Ring, 70 p., 6,90 €. Il y aurait « un procès en illégitimité entrepris à sa droite comme à sa gauche ». Je ne sous-estime pas l’opinion des soixante-cinq signataires de l’appel publié dans le Journal du dimanche - dont Benjamin Biolay et Catherine Deneuve. Ils n’ont pas non plus à surestimer la leur en la parant du statut d’artiste. Lorsqu’ils écrivent que François Hollande fait l’objet d’un procès quotidien instruit à charge par des injures et des mensonges ignobles, je ne peux m’empêcher de comparer leur indignation à l’outrance de certains d’entre eux hier contre Nicolas Sarkozy. François Hollande aurait droit au respect. Mais a-t-il été si respectable ? Ses soutiens sont bien en peine, une fois qu’ils ont affiché leur proximité politique et sans doute relationnelle avec lui, de trouver ce sur quoi droite et gauche devraient s’enthousiasmer ou se taire dans une prudente réserve.
Il y a le chef de guerre qui est vanté sans que soit questionnée sa politique étrangère erratique. Il aurait ensuite été exemplaire « lors des épouvantables tragédies que notre pays a traversées ». Mais quel président de la République n’aurait pas été capable, face à de telles épreuves, de faire preuve d’une dignité du même type ? Comment l’honnêteté peut-elle encore les autoriser à évoquer « moins d’impôts et la diminution amorcée du chômage » ? Quand le matraquage fiscal au début du quinquennat a été tel et que le chômage demeure une calamité qui ne va pas lui interdire de se représenter en violation de ses propres décrets publics. Comment les signataires ont-ils enfin osé passer sous silence les manquements d’un Président se livrant aux journalistes, communiquant des secrets d’Etat au point de stupéfier les plus fidèles de ses soutiens, Premier ministre et ministre de la Défense compris ?
Le président de la République n’est pas assez courageux pour résister à la vanité d’une reconquête. Le navrant est qu’autour de lui une bulle l’enivre en oubliant l’essentiel. Le destin de la France.
Oui, il y a bien un lien entre islam et islamisme