MME DE L’OUEST
expliquaient hier que son échec était prévisible nous disent aujourd’hui pourquoi sa victoire est inéluctable. Ceux qui l’ont abandonné, du premier au dernier mois, commencent déjà à lui tresser des couronnes dans l’espoir d’une bonne place. C’est ce qu’on appelle la vie politique. Mais ni ces commentaires ni ces calculs n’ont eu de part à la décision de plusieurs millions de nos concitoyens de le choisir d’abord. Il subsiste pourtant chez François Fillon une grande part de mystère. A décrire sa vie connue ou sa carrière, on sent qu’il manque quelque chose ; et peut-être s’agit-il de l’essentiel, qui se tient à la fois en deçà des programmes et au-delà des idées. Je n’en partage pas des pans entiers. Il n’empêche. L’homme interdit qu’on le réduise même à ce qu’il propose. Dans la mesure où c’est précisément cette part qui fait un président – qu’il réussisse ou qu’il échoue ensuite dans cette fonction est une autre histoire –, c’est d’elle dont je veux parler. Elle est, comme souvent, au rebours de ce qu’on croit. On aurait tort de penser que parce qu’il propose un plan sévère, François Fillon fait partie de ceux qui voient, comme souvent à droite, la France comme une entité fragile, menacée de disparition, auquel seul le « sursaut », la politique du redressement, pourraient rendre la vie. Critique quant aux errements, réaliste et même brutal quant aux moyens, il paraît animé d’une confiance intrinsèque dans l’âme du pays. C’est l’esprit de la France de l’Ouest, sur laquelle on dit beaucoup de bêtises. On croit qu’elle accepte ce qui est et re-