DE LA SYNTHÈSE
des amis, non plus qu’au vrombissement des scooters du petit matin ? « Maturité » est-il le mot qui pourrait le définir ? Sans doute un latiniste sait-il que la durée commande la sagesse, tout comme les sédiments de langues anciennes font le verbe du présent.
Alain Juppé est donc en campagne, à un moment où la fonction suprême connaît des trous d’air inédits. Je lui demande si le pari d’une présidence « normale » n’était pas une maldonne initiale dans un pays qui respire depuis des siècles selon une double sacralité, celle du pouvoir et celle du verbe. Alain Juppé répond, avec une gravité calme mais caustique : « La seule chose qui me paraît convenir dans ce livre que je n’ai pas lu, c’est son titre, Un président ne devrait pas dire ça… Chef de l’Etat, cela a un sens. Ce n’est pas un problème institutionnel, la Constitution de 1958 est bonne et solide. Mais il y a une majesté de la fonction, une part d’irrationnel qui sert à accompagner des décisions rationnelles, la vraie difficulté consistant à garder cette hauteur sans vivre dans un donjon. Ce n’est pas en multipliant les déclarations familières ou agitées que l’on y arrive. L’omniprésence nuit à la dignité de la fonction. Aujourd’hui, c’est la pétaudière. »
Tel un preux à la veille de l’adoubement, on sent qu’Alain Juppé a réfléchi sur ce qu’est la présidentialité – excusez ce néologisme. Sans doute sommes-nous dans un temps où les hommes politiques sont devenus des pôles de focalisation acrimonieuse : la société du spectacle nous propose d’acheter des