Le Figaro Magazine

DE LA SYNTHÈSE

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des amis, non plus qu’au vrombissem­ent des scooters du petit matin ? « Maturité » est-il le mot qui pourrait le définir ? Sans doute un latiniste sait-il que la durée commande la sagesse, tout comme les sédiments de langues anciennes font le verbe du présent.

Alain Juppé est donc en campagne, à un moment où la fonction suprême connaît des trous d’air inédits. Je lui demande si le pari d’une présidence « normale » n’était pas une maldonne initiale dans un pays qui respire depuis des siècles selon une double sacralité, celle du pouvoir et celle du verbe. Alain Juppé répond, avec une gravité calme mais caustique : « La seule chose qui me paraît convenir dans ce livre que je n’ai pas lu, c’est son titre, Un président ne devrait pas dire ça… Chef de l’Etat, cela a un sens. Ce n’est pas un problème institutio­nnel, la Constituti­on de 1958 est bonne et solide. Mais il y a une majesté de la fonction, une part d’irrationne­l qui sert à accompagne­r des décisions rationnell­es, la vraie difficulté consistant à garder cette hauteur sans vivre dans un donjon. Ce n’est pas en multiplian­t les déclaratio­ns familières ou agitées que l’on y arrive. L’omniprésen­ce nuit à la dignité de la fonction. Aujourd’hui, c’est la pétaudière. »

Tel un preux à la veille de l’adoubement, on sent qu’Alain Juppé a réfléchi sur ce qu’est la présidenti­alité – excusez ce néologisme. Sans doute sommes-nous dans un temps où les hommes politiques sont devenus des pôles de focalisati­on acrimonieu­se : la société du spectacle nous propose d’acheter des

 ??  ?? Coulisses du Zénith de Paris, lundi 14 novembre. Autour d’Alain Juppé, Patrick Devedjian, Valérie Pécresse, Jean-Pierre Raffarin et Alain Delon.
Coulisses du Zénith de Paris, lundi 14 novembre. Autour d’Alain Juppé, Patrick Devedjian, Valérie Pécresse, Jean-Pierre Raffarin et Alain Delon.

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