PROMENADES DANS LES TUILERIES
Aurons-nous toujours la nostalgie des Tuileries ? A la lecture du magnifique album écrit d’une main sûre par Juliette Glikman, on se pose la question tant elle parvient brillamment à montrer la lumière et les ombres tragiques d’un lieu qui était appelé à scintiller des gloires de la France. De Philibert Delorme à Androuet du Cerceau sans oublier Le Vau, les plus grands architectes l’avaient ainsi pensé et dessiné, n’oubliant pas d’en faire un éden de verdure au coeur même de Paris. Voulu par Catherine de Médicis, achevé sous Louis XIV, ce palais devait être un « abrégé des merveilles du monde ». Il fut aussi celui de nos tragédies nationales, tout en restant le symbole du pouvoir malgré la succession des régimes.
Le feu allumé par les communards en mai 1871 allait refermer cette page que Thierry Ardisson rouvre à sa manière en s’intéressant à ceux qu’il appelle les « fantômes des Tuileries ». Ce palais fut le terrain de jeu de leur enfance, mais il semble aussi les avoir marqués de sa destinée mystérieuse. Qu’il s’agisse de Louis XVII, de l’Aiglon, des fils de Louis-Philippe et de Napoléon III ou du comte de Chambord, aucun ne régnera et la plupart mourront tragiquement. Les incendiaires l’avaient bien vu qui chantaient en contemplant les flammes : « Le palais des rois brûle. L’oiseau ne reviendra plus au nid… »
Juliette Glikman, Flammarion, 348 p., 26 €. Thierry Ardisson, Flammarion, 280 p., 18 €.