Le Figaro Magazine

SOULIERS : LE BOUT TOURNE ROND

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Les chaussures révèlent souvent une personnali­té. Sont-elles bien cirées ou mal entretenue­s, vulgaires ou raffinées, à bout rond ou à bout pointu ? Derrière ces deux formes se cachent des approches très distinctes de l’élégance. Le goût classique d’un côté, le goût moderne de l’autre. La forme ronde est typique d’un richelieu de constructi­on anglaise qui est un soulier où l’on se sent à l’aise. Cette figure intemporel­le est pourtant bien malmenée aujourd’hui et nombreuses sont les maisons à avoir abandonné ce style pour effiler un peu plus l’extrémité de la chaussure ou la rendre à peine carré. Car un pied plus affiné est, paraît-il, plus élégant. La forme ronde est désormais jugée plus lourde et « trop » confortabl­e. Dans les années 1920 déjà, la question faisait débat. Les dandys de l’époque aimaient la finesse au point d’en souffrir. Vanité ! Les façonniers italiens, eux aussi, apprécient ces modèles élancés aux semelles fines.

Ils ont imaginé des richelieus plus fins et plus pointus, très tendance, même s’ils frisent parfois le ridicule. La forme de la semelle importe aussi dans ce dessin. En général, celle des souliers à bout rond déborde davantage sur les côtés, alors que les chaussures fines privilégie­nt une semelle étroite. Tous les jours, on peut s’amuser à distinguer les hommes suivant ce qu’ils portent. Un amateur de souliers ronds préférera les costumes à peine amples et modérément pincés, alors que celui qui aime voir ses pieds à l’étroit aura tendance à privilégie­r les costumes bien cintrés et les cravates fines. Mais comme les généralité­s sont toujours abusives, on notera aussi le retour chez les jeunes « modeux » des souliers patauds… pour mon plus grand plaisir finalement.

« La finesse, au point d’en souffrir »

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