LES TABLETTES PRÉVOIENT UNE RAZZIA SUR LE CHOCOLAT

Madame Irma a pris sa retraite. Des chercheurs du CNRS ont remplacé la chouette empaillée et la boule de cristal par des algorithmes. Bienvenue à la voyance technocratique capable de prédire l’avenir non plus à un seul client mais à toute la planète. Ainsi Virginie Raisson publiet-elle un livre de géopolitique prospective où, dès cette fin de 2016, elle annonce ce qui se passera en en 2038. A savoir qu’on n’aura plus besoin de chercher l’exotisme en passant des frontières puisqu’il suffira d’aller au-delà de sa classe sociale. Un phénomène qui aura pour premier effet d’augmenter de 30 % une consommation de chocolat qui ne sera plus réservée à une élite. La démocratie tournera le dos aux partis et aux urnes pour ne plus rameuter les citoyens qu’à travers les réseaux sociaux. Pas de danger de surpopulation même si quelques milliards de bipèdes rejoignent nos enfants dans trois décennies puisqu’il y aura de la place pour tout le monde. Un calcul tout à fait rassurant : si l’on accorde un mètre carré à chaque être humain, il suffira d’un territoire de la dimension du Liban pour les accueillir tous alors que, si l’on en croit les Saintes Ecritures, la vallée de Josaphat ne pourra recevoir que 77 000 candidats au jugement dernier.

Des prévisions sérieuses soutenues par des ordinateurs pouvant aligner un milliard d’opérations en une seconde. Sauf que la Cassandre des temps modernes ne sera sans doute pas davantage crue que sa célèbre devancière et que, si elle se trompe quelque peu, personne ne lui en fera pas plus grief qu’à Madame Irma lorsqu’elle conseillait d’allumer un bâtonnet d’encens pour obtenir un retour d’affection.

On comprend mal la précipitation de Manuel Valls à vouloir endosser l’habit de candidat légitime après le forfait du candidat naturel. Car il a aidé à pousser hors du gouvernement Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Vincent Peillon. Comme rassembleur, on doit trouver mieux.

Si, pour piratage des voix organisé avec la complicité de Poutine et parce que l’écart des suffrages ne cesse de se creuser au bénéfice d’Hillary, Trump est destitué, devra-t-il verser des indemnités à tous les copains qu’il a nommés dans son gouvernement ? Pour se refaire une santé financière, tournera-t-il un film retraçant la plus courte présidence qu’aient jamais connue les Etats-Unis ?

Où est-il passé le joli coeur qui, à 16 ans, avait fait la conquête de sa prof de français ? A la tribune de son premier grand meeting, Emmanuel Macron se déchaîne. Le visage de l’ancien banquier est déformé par l’ambition. Son vocabulaire est identique à celui qu’il employait à Bercy. Sauf qu’au lieu de susurrer, il hurle. Si Macron représente une troisième force politique, qu’est-ce qu’on en fera au soir du second tour ?

Si Christine Lagarde, accusée de négligence pour avoir laissé des arbitres accorder 400 millions à Tapie, devait passer la main, qui, plus économe qu’elle, lui succéderait ? Peut-être son prédécesseur, DSK, qui ne savait même pas qu’on rétribuait le plus vieux métier du monde.

Seize dames qui furent ministres s’insurgent contre la propension de leurs homologues à manifester davantage d’intérêt pour leurs charmes que pour leurs idées. Yvette Roudy, passionaria des droits de la femme sous le règne de Mitterrand, proteste véhémentement contre le harcèlement sexuel. Elle a 87 ans.

Au cas où vous seriez rassuré sur la fiabilité de notre système bancaire, une circulaire reçue à la fin du mois dernier croit bon de vous rappeler que si votre établissement improprement baptisé de crédit a épuisé son capital social entièrement versé, le gouvernement se portera garant de votre épargne à hauteur de 100 000 euros. Mais uniquement si vous possédiez un tel magot.

Michel Polnareff a toujours été l’ange du bizarre. Je me souviens de son arrivée à Nice voilà un peu plus d’un demi-siècle soi-disant en provenance d’un pays balte (en fait du Lot-et-Garonne), cornaqué par un impresario allemand qui, en l’asseyant à côté de moi pour le déjeuner, m’avait demandé de lui expliquer l’usage de la fourchette et du couteau qu’il ne connaissait pas. Déjà blond, perpétuellement ébouriffé et portant en toute saison des lunettes noires à monture blanche, il a toujours laissé un sillage de mystère derrière lui. En ne reconnaissant pas une paternité que plus tard il admit, en s’enfermant pendant deux ans dans un palace parisien, par une culture de ses biceps obtenue en débouchant des magnums de champagne. Et, aux dernières nouvelles, en ayant contracté une étrange maladie dont la bactérie sévirait les soirs où la location laisse à désirer. Bref, un extraterrestre exilé sur une planète où il semble être le seul de son espèce et de son talent.

Quand on retrouve de très vieux copains d’enfance, on ne peut s’empêcher de se demander lequel ira à l’enterrement de l’autre et, s’agissant des contemporains qui paraissent en meilleure santé, s’ils se rendront libres le jour où on n’aura plus d’obligation.

Si Macron représente une troisième force, qu’en fera-t-on au soir du second tour ?