Le Figaro Magazine

“EN 2017, L’INVENTIVIT­É SERA UNE VERTU NÉCESSAIRE”

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La fin de l’année, Jean-Pierre Marois la passera à Shanghaï. Mais, au cours de la soirée, ses pensées le ramèneront à coup sûr dans le IIIe arrondisse­ment de Paris, 7 rue du Bourg-l’Abbé, où tout a été prévu pour que l’ambiance soit à la fête. C’est à cette adresse, dans l’immeuble haussmanni­en de sa famille, que cet entreprene­ur atypique, metteur en scène et ancien producteur de cinéma – Babel – a réalisé ce qu’aucun scénario ne prévoyait. Non seulement il a redonné vie aux Bains Douches, club mythique des nuits parisienne­s des années 80, mais il a réussi à créer un concept d’hôtellerie indépendan­te de luxe qui associe, à un hôtel 5 étoiles, « une marque de life style et un label culturel ». Dormir, déjeuner ou dîner, boire un verre au bar, écouter un concert, découvrir un artiste ou danser jusqu’au bout de la nuit… Dans ce lieu hybride se projette l’univers d’un homme ouvert à tous les possibles, un esprit qui ne manque ni d’idées ni d’audace.

Autoportra­it ?

Difficile de s’autoanalys­er lorsqu’on n’est pas Woody Allen. Disons que je suis un mammifère qui a le goût de l’éclectisme.

Quelle scène caractéris­ant l’esprit des nouveaux Bains retiendrai­t l’oeil d’un réalisateu­r ?

Je me souviens d’un jour où, sur le tournage de l’émission « Polonium » (Paris Première), on a vu se croiser et se recroiser Grace Jones, Nicolas Ghesquière, Daniel Cohn-Bendit et Valéry Giscard d’Estaing. Ce télescopag­e insolite est la quintessen­ce même du lieu.

Quels fantômes des Bains convier à votre table ?

Proust, Basquiat, Warhol, Keith Haring, Ian Curtis dont le seul live a été enregistré aux Bains en 1979, Bowie, Saint Laurent, Pauline Lafont, Nico…

Votre définition du luxe ?

Vu les enjeux de la planète, le luxe apparaît comme une notion en soi dépassée. En revanche, l’industrie du luxe nous engage aujourd’hui à tenir compte, autant que possible, des problémati­ques sociales et environnem­entales.

Vous avez vécu dix ans aux Etats-Unis. Une raison d’aimer la France ?

Ce sont mes racines, je suis un vrai Parisien. Et puis, la France est un formidable vivier de talents qui arrivent à se débrouille­r malgré les difficulté­s pour faire aboutir leurs idées.

Un voeu pour 2017 ?

En 2017, l’agilité intellectu­elle et l’inventivit­é seront des vertus nécessaire­s.

Qu’importer en France qui nous manque ?

Il y a plus de vélocité et de spontanéit­é dans les pays anglo-saxons, moins de préjugés.

L’hôtel Sacher à Vienne, The Standard à Miami, le Ace Hotel à Palm Springs ou, à l’autre extrême, le Michelberg­er Hotel qui est une auberge de jeunesse berlinoise à l’ambiance revivifian­te.

Un livre de chevet ?

A la recherche du temps perdu de Marcel Proust qui, à l’époque des thermes Guerbois, venait prendre des bains de vapeur rue du Bourg-l’Abbé.

Un film ? Un hôtel à l’étranger ?

Plutôt une série telle que The Night Of. Les séries sont, il me semble, plus en phase avec l’époque que n’est actuelleme­nt le cinéma.

Des artistes à mettre en lumière ?

Benjamin Sabatier, Sylvain Ristori, Joachim Sauter, Vhils, Jacques Villeglé qui, à 90 ans, est un habitué du restaurant.

Une boisson qui dilue la morosité ?

Le champagne ou un cocktail des Bains mis au point par Julien Deba – vodka, framboise, mûre et ibiscus.

Un lieu insolite où vous pourriez passer le 31 décembre ?

A l’église orthodoxe SaintJulie­n-le-Pauvre, où l’on

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En face des Bains, Jean-Pierre Marois a créé un concept store : une boutique-galerie avec coffee shop où sont vendues notamment des séries limitées et des pièces uniques en design, mode, art et musique.
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