DOUGLAS KENNEDY * “J’ADORE CE PAYS OÙ TOUT LE MONDE LIT !”
Chaque fois que je pense à la France, la première image qui me vient à l’esprit est un salon du livre, qu’il soit à Paris, à Saint-Etienne, Saint-Malo ou Toulon. J’adore ce pays où tout le monde lit ! Mes romans sont sérieux mais accessibles, si bien que j’y ai un public qui va des intellectuels à la gardienne de mon immeuble du Xe arrondissement à Paris. Elle me lit, ce qui me touche énormément, tout comme je prends plaisir à discuter littérature avec des chauffeurs de taxi qui comptent parmi mes lecteurs. Cela m’est arrivé dernièrement à Lyon. L’un d’entre eux m’avait vu chez Michel Drucker, et la conversation s’est engagée très naturellement… La vie des idées est prépondérante en France. On peut discuter philosophie avec tout le monde. Le constant rapport à la culture est une force majeure de ce pays où l’on cherche toujours l’arrière-paysage des choses, par-delà le quotidien ou la consommation. C’est Oscar Wilde qui, évoquant la notion de paradis dans Le Portrait de Dorian Gray, fait dialoguer deux de ses personnages : « Quand un bon Américain meurt, il va à Paris ! − Et le mauvais Américain ? − Il va en Amérique ! »
Il y a le Paris des cartes postales, des films romantiques et de la vision tendre d’un Woody Allen, mais mon Paris est plus dense. J’ai un appartement dans un quartier populaire bobo, avec une vraie vie quotidienne, mais dans une ville internationale où, au milieu de l’après-midi, on peut voir un film de John Ford. Paris est aussi le paradis des cinéphiles !
* Dernier livre paru : (Belfond).