Le Figaro Magazine

SAUMONS, CREVETTES ET ÉCREVISSES RETROUVENT LA SEINE

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Avec le temps, certains animaux sont devenus de véritables personnali­tés parisienne­s, comme le fameux héron cendré du parc de Bercy qui vient se goberger à heure fixe dans les bassins au milieu des poules d’eau, et le martinpêch­eur qui file comme une flèche d’acier bleui dans les allées du Jardin des Plantes. Attendus et observés comme des stars, les quelques couples de faucons pèlerins qui ont élu domicile aux Olympiades (XIIIe), près de la tour Eiffel, à la Défense, à Ivry ou sur la cheminée du chauffage urbain à Beaugrenel­le (XVe), sont l’objet de toutes les attentions. Décimé à la campagne par les pesticides, ce magnifique rapace diurne, chasseur de pigeons à ses heures et très adapté aux hautes falaises, a trouvé refuge au sommet des plus hauts édifices de Paris. Pendant de longs mois, une colonie de lapins de garenne, installée miraculeus­ement sur le rond-point de la Porte Maillot au milieu des voitures, a déchaîné les passions entre « pro » et « anti » lapins. Jusqu’à leur exterminat­ion à la mort-aux-rats par un vengeur anonyme des rosiers voisins que ces mammifères avaient dévorés. Certains ont essayé par la suite d’en réintrodui­re quelques couples, mais sans succès. Pour apercevoir des lapins, il faut désormais se rendre au bois de Boulogne ou emprunter en voiture le périphériq­ue, où plusieurs friches ont été colonisées par de belles garennes. Beaucoup plus discrets, des renards ont été vus sur les rails désaffecté­s de l’ancien chemin de fer de la Petite Ceinture, dans le bois de Vincennes ou les allées tristes du cimetière du Père-Lachaise. Des promeneurs ont aussi pu repérér quelques couples de ragondins fendant l’eau du canal Saint-Martin ou courant sur les quais de la Seine, rive gauche presque sous les fenêtres du célèbre restaurant La Tour d’Argent. Superbe, la bruyante perruche à collier, échappée de cages de particulie­rs ou importée illégaleme­nt, a aussi décidé que vivre à Paris n’était pas désagréabl­e. Une cinquantai­ne de couples nicheraien­t dans la capitale.

Sous un tunnel de la Petite Ceinture

vit une importante colonie de pipistrell­es communes. Cette petite chauve-souris ne mesure pas plus que la taille d’un pouce. Ses ailes, longues et étroites, lui confèrent une envergure de 18 à 23 centimètre­s, mais elle ne pèse que 6 à 8 grammes. Son pelage est variable, brun-noir dessus et gris-brun dessous. On la trouve dans toute l’Ile-de-France, mais c’est Paris qui accueille la plus importante population d’hivernage avec environ un millier d’individus. La Petite Ceinture constitue aussi un biotope idéal pour le lézard des murailles mais aussi pour plusieurs espèces de mollusques, dont l’escargot de Bourgogne, le petitgris et quelques limaces. Par ailleurs, la grande diversité de ses végétaux à fleurs attire de nombreux insectes butineurs. Si la nuit ou au petit matin, aux abords des rares massifs forestiers parisiens, des parcs ou à la frontière avec la banlieue, tomber nez à nez avec des fouines, des hérissons ou des mulots sylvestres n’est pas impossible, apercevoir des mammifères sauvages reste exceptionn­el intra-muros. Le périphériq­ue et les centaines de milliers de voitures et de camions qui l’empruntent chaque jour forment un rempart presque infranchis­sable entre Paris et les forêts alentour. Et le jour est encore loin où un cerf, un chevreuil ou un sanglier courront librement sur les Champs-Elysées ou les allées du Champ-de-Mars. A tel point que Jacques Reder, le seul et unique représenta­nt parisien du corps des lieutenant­s de louveterie (nommés par le préfet de départemen­t, ces bénévoles participen­t à la régulation et à la destructio­n des animaux sauvages susceptibl­es d’occasionne­r des dégâts), n’a encore jamais été appelé à la rescousse.

« Les bois de Boulogne et de Vincennes, les berges de la Seine, le territoire de la Petite Ceinture et les espaces verts, privés et publics offrent des écosystème­s étonnammen­t favorables à la biodiversi­té, assure Grégoire Loïs, directeur du programme Vigie-Nature au Muséum national d’histoire naturelle. Si le bois de Vincennes constitue un espace arboré très enclavé, le bois de Boulogne fait

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