SOLDAT ZADKINE
EXPO
Trois bonnes raisons de courir au musée Zadkine : l’atelier, niché au bout d’un étroit passage de la rue d’Assas dont le charme lui rappelait peut-être sa Russie natale. Les sculptures, saisissantes de force et de sensualité. Et enfin, les dessins de guerre exposés *, qui viennent bouleverser cette belle harmonie. Engagé volontaire en 1915, le soldat Zadkine y décrit l’ennui du cantonnement. Le trait, d’inspiration cubiste, est encore précis. Le bleu horizon domine, les bandes molletières se résument à des zigzags. Ambulancier en Champagne, il est ensuite brutalement confronté à la réalité du front et à l’horreur. Les corps mutilés le hantent. Face à l’indicible, son dessin régresse jusqu’à devenir presque enfantin. Une oeuvre de Chris Marker, inspirée du poème Les Hommes creux, de T. S. Eliot, amplifie cette vision avec des photographies hallucinées de soldats blessés. Gazé, diminué, de retour à la vie civile, le sculpteur
entreprendra une suite de 20 gravures à l’eau-forte. Un style plus expressionniste illustre la détresse du « héros », vivant mais définitivement brisé.
* Jusqu’au 5 février 2017.
A près de longs mois d’absence, Audrey Tautou est revenue, avec l’été, dans une robe matriarcale. Elle a soufflé un vent d’Eternité dans la saga familiale de Tran Anh Hung puis s’est embarquée à l’automne dans L’Odyssée de Jérôme Salle. Elle réapparaît cet hiver au côté de l’impayable Edouard Baer. Seize
TAUTOU AU FIL DES SAISONS
ans après Dieu est grand, je suis toute petite, l’acteur-réalisateur lui fait camper sa meilleure amie dans Ouvert la nuit (en salles le 11 janvier) dont il signe la mise en scène. Une comédie 100 % « baérienne » (comprenez : un peu foutraque mais dotée d’un charme exquis) où le duo, accompagné de Sabrina Ouazani, court les rues – et les bars – de Paris pour sauver un théâtre. L’actrice reviendra ensuite à l’affiche du film de Pierre Salvadori, Remise de peine et, à celle de John Turturro pour un remake des Valseuses. Avec Tautou, les saisons passent et ne se ressemblent pas. E n 1895, à l’âge de 34 ans, Antoine Bourdelle remporte enfin le concours qui va lui permettre de sortir de l’ombre de Rodin. Il mettra sept ans à réaliser ce monument très novateur à la mémoire des morts de la guerre de 1870. Et chose incroyable pour l’époque, il va en photographier toute la genèse. Au musée qui porte son nom (Paris XVe), une partie des 700 clichés réalisés est présentée en regard des modelages, des plâtres et des croquis *. L’exposition réussit magnifiquement à faire dialoguer photo et
DANS L’OBJECTIF DE BOURDELLE