L’HOSPICE EN FOLIE
C’est un producteur de films sur le retour, un peu mythomane mais avec du panache, qui a produit des oeuvres essentielles comme Zizanie chez les hippies, Le Vampire des Batignolles, Le Psychopathe au pensionnat, La Goule en bas résille, ou l’intrigant Sumo toi de là !, narrant les aventures d’un sumotori dans le Paris de Philippe Auguste (mais avec le Sacré-Coeur dans le cadre). Désormais senior perclus de dettes, il se fait quitter par son assistante qui le jette au Jardin d’Eden, l’Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) dirigé par son propre fils, planté dans le pays d’Auge à quelques kilomètres de Deauville. Le fils, qu’il n’a vu que quelques fois dans sa vie, n’est pas particulièrement ravi de voir débarquer ce vieillard excentrique porté sur la bouteille et prétendant être l’ami intime de Catherine Deneuve et de Claude Lelouch. Il a bien raison car bientôt, Le Jardin d’Eden, sous l’influence du paternel cinéphile, ne sera plus qu’une grande bacchanale où adeptes d’Uranus et mamies coquines déclamant Le Con d’Irène et Les Onze Mille Verges telles des slameuses du troisième âge tout en inhalant des substances prohibées succomberont à l’appel du Viagra de contrebande sous l’oeil irrité d’un colonel en fauteuil roulant électrique obsédé par le FLN. Mais, comme Amour, gloire et dentiers se présente comme une authentique telenovela, Cupidon ne tardera pas à apparaître et le jeune directeur du Jardin d’Eden trouvera enfin l’amour lors d’un concert d’Iggy Pop dans les bras du médecin de l’hospice. Que c’est beau… Amour, gloire et dentiers, de Marc Salbert, Le Dilettante, 255 p., 19,50 €.