DANS L’INTIMITÉ DES BRONTË
★★★ LETTRES CHOISIES DE LA FAMILLE BRONTË 1821-1855, Quai Voltaire, 622 p., 25 €. Traduit de l’anglais par Constance Lacroix.
Une famille, trois romancières, deux chefs-d’oeuvre. L’équation fascinante des soeurs Brontë s’est longtemps doublée d’une inconnue : leur correspondance, jamais traduite en français. C’est maintenant chose faite : trois cents lettres, autant d’occasions de saisir l’austère et fervent quotidien des auteurs mythiques de Jane Eyre et des Hauts de Hurlevent. Emily, surnommée le « Major » pour le zèle martial de son tempérament, ainsi que la douce Anne, mortes à 30 et 29 ans, n’ont laissé que fort peu de missives derrière elles. Il en va tout autrement de leur aînée ; le succès de Jane Eyre, best-seller de l’année 1847, installa aussitôt sa renommée. Conservées comme des reliques par ses contemporains, ses lettres sont presque toutes parvenues jusqu’à nous. Il est vrai qu’elles brillent par une vivacité qui n’exclut jamais la franchise. Charlotte avait fermé « les yeux voilés » de ses chères soeurs ; elle connaissait la valeur du temps, elle savait qu’être vraie permet d’en gagner. Quant au poids des deuils imposés, un seul remède à ses yeux : travailler. « Un dépaysement absolu pourrait être salutaire mais quand ce recours est impossible, le travail est ce qui s’y substitue le mieux. »
ÉLISABETH BARILLÉ