Le Figaro Magazine

En vue : le général de Woillemont

La force française dirigée par le général François-Xavier de Woillemont a réussi une importante opération antiterror­iste à la frontière entre le Mali et le Burkina Faso.

- • JEAN-MARC GONIN

PN’Djamena, lus de 2 000 kilomètres séparent le PC de la force Barkhane installé à

capitale du Tchad, et la forêt de Foulsaré, située à cheval entre le Mali et le Burkina Faso. C’est donc de très loin que le général FrançoisXa­vier de Woillemont, chef de Barkhane, a suivi, depuis sa salle d’opérations, l’action menée par ses hommes contre des groupes armés terroriste­s (GAT). Lancée samedi 29 avril à 5 h 30, elle s’est achevée, selon l’état-major des armées, par la « neutralisa­tion » d’une vingtaine de djihadiste­s – tués, arrêtés ou mis en fuite – et par la destructio­n d’un stock d’armes, de munitions et de composants destinés à la fabricatio­n d’engins explosifs. Elle a nécessité l’emploi de Mirage 2000 venus de Niamey (Niger) pour effectuer des frappes aériennes sur des dépôts logistique­s et de deux hélicoptèr­es d’attaque au sol Tigre qui ont préparé le débarqueme­nt de commandos déposés par un hélicoptèr­e NH-90 Caïman. Les rebelles appartenai­ent à un groupe nouvelleme­nt formé appelé Ansarul Islam créé par un prédicateu­r burkinabé, Malam Ibrahim Dicko, arrêté en 2013 dans le nord du Mali par les forces françaises qui l’avaient ensuite remis aux autorités maliennes. Ce prêcheur radical avait été condamné à deux ans de prison par un tribunal malien avant de regagner le Burkina Faso.

« Il ne doit pas y avoir un endroit de la région où les GAT puissent être tranquille­s », avait averti le général de Woillemont le mois dernier à l’issue de l’opération Panga menée entre le 27 mars et le 10 avril dans cette même zone frontalièr­e au sud-ouest de Gao. Le 5 avril, le caporal-chef Julien Barbé, un soldat français, avait été tué durant cette mission.

Quand nous l’avions rencontré en novembre 2016 au Tchad, un peu plus de trois mois après sa prise de commandeme­nt, le général de Woillemont, 55 ans, issu de l’infanterie de marine, nous avait expliqué la nouvelle stratégie de Barkhane : plus imprévisib­le pour l’ennemi, en pleine coopératio­n avec les forces armées régionales et utilisant des manoeuvres transfront­alières entre Mali, Niger et Burkina Faso afin de pourchasse­r les terroriste­s d’un pays à l’autre. Le patron de Barkhane avait ainsi tiré les leçons du redéploiem­ent des GAT et de l’évolution de leur comporteme­nt. Il nous avait également expliqué que Gao était devenue l’épicentre du dispositif, démontrant ainsi que la courbe du fleuve Niger avait peu à peu éclipsé les montagnes du nord du Mali où les combats avaient fait rage entre 2013 et 2014.

Le succès de l’opération de la forêt de Foulsaré, fait de qualité du renseignem­ent, de vitesse d’action et d’effet de surprise, vient conforter le changement de stratégie impulsé par le général de Woillemont. Avec l’arrivée imminente d’un nouveau chef des armées à l’Elysée, la force Barkhane démontre qu’elle est à la hauteur de la tâche même si les données militaires ont changé depuis que François Hollande a déclenché l’opération il y a plus de quatre ans.

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 ??  ?? Des soldats français du détachemen­t basé à Ansongo au sud de Gao (Mali) patrouille­nt dans un village de la région. Cette zone du coude du Niger est devenue l’épicentre de l’opération Barkhane, dirigée par le général Xavier de Woillemont (ci-dessus).
Des soldats français du détachemen­t basé à Ansongo au sud de Gao (Mali) patrouille­nt dans un village de la région. Cette zone du coude du Niger est devenue l’épicentre de l’opération Barkhane, dirigée par le général Xavier de Woillemont (ci-dessus).

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