Le Figaro Magazine

Le match : sondeurs vs big data

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L’heure de la revanche a sonné pour les instituts de sondage. A force de les voir se tromper, on finissait par ne plus trop les croire : ils n’avaient pas vu venir le Brexit, la victoire de Donald Trump, celle de François Fillon à la primaire de la droite et du centre, ni celle de Benoît Hamon à la primaire de la gauche. Et voilà qu’au soir du premier tour, leurs pronostics se sont trouvés être les bons ! Exit, les prévisions de Filteris, Vigiglobe, Brand Analytics, Predict my Président et autres start-up à qui certains prêtaient une oreille de plus en plus attentive alors que, contre vents et marées, ils annonçaien­t un second tour Fillon-Le Pen. N’avaient-ils pas vu juste là où les sondeurs s’étaient trompés ? Ce faisant, les Français ont découvert les méthodes atypiques de ces instituts d’un nouveau genre qui s’attachent à mesurer les chances d’un candidat à l’aune de ce qui se dit de lui sur le web. C’est par exemple la méthode utilisée par Filteris, une société basée au Canada, créée en 2002 par Jérôme Coutard et Isabelle Dornic. Dès 2007, constatant une importante corrélatio­n entre la visibilité d’un candidat sur la toile et son résultat lors du scrutin, elle a développé une expertise dans l’analyse du buzz généré sur le web et les réseaux sociaux dans des contextes électoraux. D’autres, comme GOV, créée par Bobby Demri et PierreAlex­andre Teulié (photo de droite), proposent aux utilisateu­rs de donner leur opinion sur les candidats, via une applicatio­n de démocratie participat­ive télécharge­able sur smartphone. Celle-ci revendique 130 000 inscrits. Au plus fort de la campagne, GOV a rassemblé jusqu’à 30 000 votants par jour. Le big data, s’il doit peut-être affiner ses algorithme­s pour gagner en crédibilit­é, est loin d’avoir dit son dernier mot. Dans un pays comme la France, qui compte 31 millions d’utilisateu­rs de Facebook et 15 millions de comptes Twitter ouverts (65 millions de tweets depuis le début de la campagne), les données issues des réseaux sociaux ne peuvent plus être considérée­s comme quantité négligeabl­e. Du reste, les instituts de sondage s’y intéressen­t de près. « Nous considéron­s qu’en tant que spécialist­es des études, nous avons à nous nourrir du web social. Nous l’avons fait pendant la campagne, nous avons intégré nos analyses de Twitter et de Facebook dans nos rapports d’études électorale­s, mais sans conclure qu’on y trouverait un substitut aux sondages, estime ainsi Emmanuel Rivière, directeur général France de Kantar Public (photo de gauche). La pantalonna­de de Filteris ne doit donc surtout pas nous détourner de l’analyse, de la compréhens­ion et du suivi du web social. »

GHISLAIN DE MONTALEMBE­RT

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