Dans la tête de… Alain Afflelou
Il n’avait que 24 ans lorsqu’il a ouvert son premier magasin au Bouscat, dans la banlieue de Bordeaux. Depuis, Alain Afflelou a révolutionné le business des lunettes et bâti un empire en misant sur son sens aiguisé du marketing et de la communication. En 2012, Alain Afflelou (qui détient encore 13 % du capital du groupe avec sa famille) a déménagé à Londres pour des raisons personnelles. Soutien discret de François Fillon durant la campagne du premier tour de l’élection présidentielle, il n’envisage pas de revenir en France dans l’immédiat. Pas si fou, Afflelou !
Quel est le secret de votre forme ?
Je suis quelqu’un qui a une certaine énergie naturelle. Je passe mon temps à réfléchir aux problèmes des entreprises ; ou à la vie, tout simplement…
Les clés de votre réussite ?
La passion : je ne fais bien que ce que j’aime. La créativité. L’intuition. Le culot : il faut oser raser la table pour inventer du neuf.
Votre plus grande fierté ?
Je suis parti de pas grand-chose et j’ai inventé des concepts révolutionnaires : La Forty, Tchin Tchin… Avant moi, 99 % des gens n’avaient qu’une paire de lunettes.
Un lieu où vous vous ressourcez ?
Sur mon bateau, en famille ou entre amis, dans les Bahamas.
La place de la famille dans votre vie ?
Essentielle ! Mon père était boulanger ; il ne m’a jamais dit qu’il m’aimait, mais dans son regard, on voyait l’amour.
Dites-vous à vos quatre fils que vous les aimez ?
Plus que jamais. Mon aîné a beau avoir 47 ans, je l’appelle toujours « mon chéri ». Ou « mon grand », maintenant.
Votre devise ?
« Ne cherche pas à vendre ce que tu ne serais pas capable d’acheter. »
Qu’aimez-vous, chez les autres ?
La sincérité. Je fuis les faux-culs, les vantards, ceux qui parlent d’eux en permanence.
Ce qui vous séduit le plus ?
Le regard. Il est le miroir de l’âme. Michèle Morgan avait de beaux yeux, mais elle n’avait pas un beau regard. Tandis que celui d’Isabelle Adjani vous perce ! Votre première paire de lunettes ?
J’avais 30 ans. A force de faire passer des tests de vue à mes clients, je connaissais les réponses par coeur. Je ne m’étais pas aperçu que j’étais astigmate !
Les patrons que vous admirez le plus ?
Vincent Bolloré. Il est compétent, mais aussi courtois et attentionné. Ou Maurice Lévy. Tous deux sont des hommes de grande qualité.
Pourquoi avez-vous quitté la France, en 2012 ?
J’avais envie de changer d’air. Et puis mes actionnaires sont majoritairement anglais.
La France vous manque-t-elle ?
Je suis content à Londres, mais j’ai une énorme nostalgie de la France. Elle reste mon pays, ma patrie. Je suis bien intégré, mais je demeure malgré tout un étranger. Les Britanniques n’ont pas la même culture de la relation humaine que nous. Au bout de quatre ans à Londres, je m’aperçois qu’il est très rare d’être invité à dîner chez des Anglais, par exemple.
Le Brexit vous inquiète-t-il ?
Non, il fallait s’y attendre. Les Anglais sont très autonomes. S’ils devaient se marier un jour avec un pays, ce serait avec les Etats-Unis. Les Américains, pour eux, c’est la famille. Les Européens ne sont que des voisins.
Sharon Stone est l’ambassadrice de votre marque depuis trois ans. Pourquoi l’avez-vous choisie ?
A la sortie de Basic Instinct 2,
son agent m’a appelé pour savoir si je voulais travailler avec elle. Rien que pour la rencontrer, j’ai dit oui ! Elle m’a donné rendez-vous au
Ritz et nous avons signé un contrat peu de temps après. Puis elle m’a recontacté en m’expliquant qu’elle était liée par une exclusivité avec Dior. Je lui ai proposé de déchirer le contrat. Elle m’a rappelé cinq ans après, en me disant : « Voilà, je suis libre. »
Et nous avons signé un nouveau contrat. Elle a fait beaucoup pour l’image de la marque. C’est une grande séductrice. J’adore quand elle dit : « Vous, je ne sais pas. Moi, c’est Afflelou... »
PROPOS RECUEILLIS PAR GHISLAIN DE MONTALEMBERT