HOLLANDE, CE NOUVEAU MACHIAVEL
A deux jours de la lutte finale, les fantasmes politiques s’invitent plus fortement que jamais dans les bureaux de vote. Quel que soit le résultat du scrutin de dimanche, la table est d’ores et déjà renversée, la vaisselle cassée, et on ne recollera pas les morceaux. Les partis de gouvernement, qui ont dansé depuis plus d’un demi-siècle le tango des institutions, se sont retrouvés fort dépourvus quand la bise Hollande fut venue. En fin de mandat, désavoué par les Français, ayant décidé de ne pas se représenter et tenu dès lors pour quantité négligeable, le président de la République s’est attelé au métier dans lequel il excelle : en finir avec tous ceux qui avaient terni son grand dessein. Envoyer l’artillerie lourde médiatico-judiciaire contre François Fillon, qui ne trouva rien de mieux que de battre sa coulpe et de résister vaillamment avant de s’effondrer, impuissant, sous le poids de la rumeur et de ses propres contradictions. Valls, son Premier ministre, ce hussard qu’il fit semblant d’aimer entre tous, n’arriva même pas à franchir le seuil de la primaire. L’infortuné Hamon, le vainqueur de celle-ci, passa le temps de sa campagne à numéroter ses abattis et se noya dans le marigot asséché de la rue de Solferino. Enfin, Mélenchon, rebelle vénézuélien qui l’avait traité de capitaine de pédalo et qui faillit franchir le cap du second tour : éliminé, lui aussi.
Restait l’essentiel : seuls en lice, le divin enfant et Marine Le Pen. « Lui, c’est moi », disait en substance l’actuel locataire de l’Elysée en regardant l’enfant surdoué dont l’ascension fulgurante ravit désormais les foules. Cette recomposition échevelée du paysage, Hollande l’a rêvée, Macron va la faire. Peut-être…