Le Figaro Magazine

UN CROYANT DANS LA GUERRE

-

Né en Allemagne, en 1924, dans le land de Hesse, Aloysius Pappert était un enfant comme des milliers d’autres. Mais son père n’était pas un Allemand comme les autres. Membre du Zentrum, le parti catholique, il avait été arrêté dès 1933, trois mois après l’accession de Hitler à la Chanceller­ie, et avait été enfermé deux mois à Buchenwald. Remis en liberté, mais ostracisé et surveillé par la Gestapo, il ne cesserait d’être un opposant au pouvoir national-socialiste. A son fils de 9 ans, l’homme avait expliqué que les nazis régneraien­t par la terreur et que les catholique­s et tous les chrétiens seraient dans le collimateu­r du régime. Au garçon, il avait donc fait promettre de ne jamais parler de leur vie familiale, ni à l’école, ni à ses camarades, ni aux voisins. « Garder le silence ? Une leçon qu’il me rappellera­it maintes fois », se souvient Aloysius Pappert. Aujourd’hui nonagénair­e, il publie ses Mémoires de guerre qui retracent le parcours d’un jeune catholique hostile au régime hitlérien, enrôlé malgré lui dans la grande machine qui, après un temps de victoires militaires, conduira l’Allemagne et son peuple au désastre de 1945. En 1942, à 17 ans, le jeune homme est requis en Russie par le Service de travail du Reich, prélude à son incorporat­ion dans un régiment d’infanterie. Affecté ensuite en France puis en Italie, et enfin sur le front de l’Est, il participe à de durs combats, est dix fois blessé, s’en sort à chaque fois, animé par une conviction : « Sur la boucle de nos ceinturons est gravé “Gott mit uns”. C’est un blasphème ! Nous serons sévèrement punis. Je n’ai jamais fait de mal à personne mais j’obéis à un pouvoir diabolique qui sème la terreur et la mort en Europe. » Le 8 mai 1945, devenu officier, il est fait prisonnier par les Russes. Pendant plus d’un an, il ira de camp en camp, trouvant dans sa foi et la prière la force de résister à l’enfer de la captivité chez les Soviétique­s comme d’aider ses camarades plus faibles plongés comme lui dans le malheur. Un passionnan­t document sur la façon dont la Seconde Guerre était perçue au sein de la Wehrmacht, doublé d’une leçon morale et spirituell­e.

Une jeunesse volée et Le Sang des prisonnier­s. Mémoires de guerre, d’Aloysius Pappert, Salvator,

2 volumes, 211 et 202 p., 20 € chacun.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France