Le Figaro Magazine

UNE FEMME EN PLEINES LUMIÈRES

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La gloire est le deuil éclatant du bonheur », écrivait Mme de Staël (1766-1817), qui trouva la première et chercha le second tout au long d’une vie passionnée que Ghislain de Diesbach retrace dans une biographie à la fois brillante, érudite et élégante (1). Adepte d’un « républican­isme élitiste »,

la fille de Necker, ministre des Finances de Louis XVI, a toujours eu le goût du pouvoir – d’où ses relations tumultueus­es avec Napoléon, qui l’exila –, mais tout autant celui de la littératur­e (Delphine, Corinne ou l’Italie, fraîchemen­t rééditées dans la Pléiade (2)) et de la philosophi­e

(De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations).

En bordure du lac Léman, dans son château de Coppet dont elle fait

« un des hauts lieux de la pensée européenne », elle reçoit son amant Benjamin Constant, son « ange consolateu­r » Mme Récamier, mais aussi Chateaubri­and, Byron, Schlegel ou Humboldt. Préparant les voies du romantisme français, son oeuvre s’inscrit également dans la lignée des Lumières comme en atteste le recueil réunissant des textes historique­s et politiques qu’ont établi et préfacé les historiens Laurent Theis et Michel Winock (3). Mme de Staël, en ces temps troublés, y apparaît libérale et modérée, adversaire résolue de l’absolutism­e et convaincue de la perfectibi­lité humaine. Son amour de la liberté, note Winock, fut « la boussole politique de toute sa vie ».

RÉMI SOULIÉ (1) Madame de Staël, Perrin, 656 p., 26 €. (2) OEuvres, Gallimard, 1 728 p., 65 €. (3) Madame de Staël. La passion de la liberté, Robert Laffont/ Bouquins, 1 032 p., 32 €.

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