L’affiche/Les passe-temps d’Eric Neuhoff
En 2012, Anne Sinclair publiait 21 rue La Boétie, vibrant hommage à son grand-père, le célèbre galeriste Paul Rosenberg. Son récit a inspiré l’exposition passionnante qui se tient au musée Maillol *. Aux murs, d’immenses photos font revivre cette adresse mythique où les plus grands artistes ont exposé pendant l’entre-deuxguerres. Matisse, Picasso, Braque, Léger… Une soixantaine de chefs-d’oeuvre témoignent du rôle fondamental joué par Rosenberg pour promouvoir l’avant-garde, en France puis aux Etats-Unis. En 1940, la menace nazie le contraint à s’exiler à New York avec toute sa famille. Monstrueuse ironie de l’Histoire, le 21 rue La Boétie devient le siège du nouvel Institut d’étude des questions juives… A la Libération, un long combat pour récupérer ses biens spoliés débute. On suit ainsi l’itinéraire du Profil bleu devant la cheminée de Matisse. Volé en 1941 et restitué en… 2014 : cinquante-cinq ans après la mort de Rosenberg !
SYLVIE MARCOVITCH * Paris VIIe, jusqu’au 23 juillet.
MUSIQUE
GORILLAZ REMET LES GAZ
Damon Albarn aime varier les plaisirs. Entre ses aventures en solo et ses retours de flamme avec Blur, le chanteur anglais demeure fidèle à son groupe « virtuel », Gorillaz. Sur ce cinquième album, Humanz (Warner Music), son cofondateur (avec Jamie Hewlett) se plaît à adopter les styles R’n’B, soul et hip-hop, un peu déroutants pour les fans de la première heure, mais dont l’efficacité ne fait aucun doute. Un vrai hommage à la musique noire des années 1990, aux textes engagés sur l’état du monde, qui a pour invités aussi bien des rappeurs en vogue que des stars du passé comme Grace Jones. Autre preuve de l’originalité jamais démentie de ce « concept » né en 1998 : Gorillaz va lancer son propre festival, le Demon Dayz, le 10 juin en Angleterre. De façon plus classique, il se produira le 24 novembre au Zénith de Paris. Un retour au premier plan après sept ans d’absence !
PIERRE DE BOISHUE
SPECTACLE
LE CLASSIQUE SELON PROUST
Qu’on se rassure : tout musical que soit son spectacle, sur scène, Gaspard Proust reste lui-même, caustique, balançant des vannes sur l’actualité en guise de transition d’un programme classique qu’il a lui-même concocté et imposé au producteur Sony. Sa hantise : « la soupe ».
Le meilleur côtoie donc l’exigeant. La Pavane
de Fauré est associée à L’Art de la fugue de Bach… De Chostakovitch, à l’usée Suite pour orchestre de jazz il a préféré la Symphonie de chambre.
De Wagner, il propose la Mort d’Isolde…
A ses côtés, sept musiciens français de calibre international dont le pianiste Eric Le Sage, le violoniste Pierre Fouchenneret ou l’altiste Lise Berthaud. Avec ce spectacle, Proust réalise un vieux rêve et démontre à tous qu’il est un mélomane sincère.
A sa manière ! Et cela décoiffe. Après le succès à la Philharmonie de Paris, et celui du coffret
Je n’aime pas le classique, mais avec Gaspard Proust j’aime bien ! (Sony), la tournée * qui débute au Festival de l’abbaye de L’Epau le 17 mai annonce déjà plusieurs dates jusqu’au Théâtre Antoine, à Paris (à partir du 21 septembre). OLIVIER OLGAN
* www.gaspardproust.com
LIVRE
DES MONSTRES ET DES HOMMES
Quel rapport entre Robert Wadlow (2,72 m, 199 kg), Sarah Bernhardt, Robespierre, les héros de Lautréamont, les personnages de Goya et Frankenstein ? Tous des monstres ! Qu’ils soient sacrés, politiques, littéraires ou économiques, Laurent Lemire s’est appliqué à en étudier les origines, les contours et... la normalité. Dans le didactique Monstres et monstruosités *, il se promène de genre en genre (l’histoire, mais aussi le droit, les arts, la criminologie, etc.), d’époque en époque, pour dresser un inventaire étonnant de ces êtres vivants ou imaginaires qu’on craint. Parce qu’ils nous ressemblent ?
J.-CH. BUISSON * Perrin, 216 p., 18 €.
THÉÂTRE
JEUNESSE VENGERESSE
Dans les années 20, Antoinette souffre de ne pas participer au bal que son odieuse mère, parvenue d’entre les parvenues, a décidé d’organiser… Sa vengeance sera drôle et cruelle. Irène Némirovsky, dont on connaît le destin tragique, a écrit un petit roman terrifiant et croustillant, Le Bal, que Virginie Lemoine a adapté et mis en scène au Théâtre Rive Gauche (Paris XIVe) avec beaucoup de générosité. Un moment agréable de théâtre. JEAN-LUC JEENER