Le Figaro Magazine

CARREAUX ET RAYURES, DOS À DOS

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C’est l’une des incongruit­és les plus répandues, y compris dans le beau monde. Une veste à carreaux ne se porte jamais avec une chemise à rayures. C’est ainsi depuis toujours. On ne peut associer deux langages qui s’opposent. Les rayures sont l’expression de la ville, des citadins actifs et les carreaux sont synonymes de vie campagnard­e, de décontract­ion et de vêtements « sports ». Plus largement, les motifs s’accordent, entre eux, suivant une hiérarchie toute bête. La rayure est égale au carreau mais pas sur le même registre. Le pois et les motifs semés sont inférieurs et l’uni s’impose comme le dénominate­ur commun. Ainsi, le carreau va avec le carreau, le pois ou l’uni et la rayure va avec la rayure, le pois ou l’uni. Ce sont les Anglais qui ont fixé ces axiomes. Une chemise rayée accompagne plutôt un costume uni ou rayé. Lorsque pour faire « sport », on met une veste à carreaux, il est de bon ton de l’accorder avec une chemise unie ou à carreaux. Ces pavements peuvent être francs ou discrets. Vous avez quand même droit à la cravate club, seule rayure qui se mêle à cette harmonie. Allez comprendre ! Par ailleurs, une chemise de travail rayée bleu avec une veste de tweed dans les verts à carreaux est un contresens total. Ou alors c’est fait pour choquer à dessein le goût classique. Car, en plus d’opposer rayures et carreaux, vous opposez l’harmonie des couleurs, qui veut que les tons urbains soient plutôt bleu et gris et les tons campagnard­s plutôt verts ou marrons. Ce principe connaît seulement deux exceptions : le prince de galles et le duc de Windsor. Le premier est un célèbre tissu à carreaux mis à la mode dans les années 1930 par le prince de Galles, futur Edouard VIII, et qui s’accommode des chemises rayées. Le second est une célèbre altesse royale qui adorait les mélanges et s’autorisait toutes les excentrici­tés !

Deux langages qui s’opposent

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