BANIER PERCÉ
★★★ LA VIE DÉMESURÉE DE FRANÇOIS-MARIE BANIER, de Gaspard Dhellemmes, Fayard, 198 p., 17 €.
Ces dernières années, faute d’être vraiment parvenu à s’imposer comme écrivain ou photographe, FrançoisMarie Banier, à qui l’anonymat ne sied guère, a postulé au rôle de diable incarné ou d’ange déchu. Dans l’un et l’autre cas, c’était peut-être lui faire trop d’honneur. L’homme, c’est vrai, ne fait rien pour susciter l’indifférence, mais sa récente réputation, désormais établie, de détrousseur de vieille dame est aussi l’un de ces masques par lesquels cet homme, fondamentalement secret, semble fuir jusqu’à sa propre vérité.
C’est donc tout le mérite de Gaspard Dhellemmes que d’en dévoiler quelques pans épars avec cette promenade biographique qui ne peut se défaire d’une certaine fascination, mais sans nulle complaisance. Qu’y voiton ? Un vieux et sale gosse qui passe sa vie à faire des grimaces dans les courants d’air… Un séducteur qui s’adore, mais ne s’aime pas, tout empreint de chagrin et de solitude et qui guette dans le regard de Madeleine Castaing autant que d’Aragon, de Saint Laurent comme de Johnny Depp, la confirmation de sa propre existence. Avec plus de talent, Banier aurait été notre Truman Capote.
Tel quel, il est, endeuillé de sa beauté, voyou qui ne s’interdit rien, un peu de notre mauvaise conscience.
OLIVIER MONY