Le tableau de bord de... Eric Mestrallet
Ancien entrepreneur, père de famille nombreuse, Eric Mestrallet est engagé dans « un projet jubilatoire ». Il a déjà fondé 11 écoles hors contrat dans des quartiers en état d’urgence éducative et promet d’en ouvrir encore une vingtaine d’ici à 2020. Dans ses classes, « La Marseillaise est chantée tous les matins, le drapeau tricolore hissé, le vouvoiement est de rigueur, comme l’uniforme et le respect. Il n’y a pas de cantine, que des piqueniques. Mais surtout, notre pédagogie est positive, raconte celui qui s’avoue adepte du développement organique. Chaque établissement de
130 élèves constitue une cellule qui atteint positivement 1 000 personnes : parents, amis, éducateurs, bénévoles, enfants… autant d’anticorps qui neutralisent la violence aux alentours. » Pour tarir le flux des 130 000 décrocheurs qui, chaque année, se retrouvent sans diplôme ni estime de soi, Eric Mestrallet a trouvé un levier universel : « Tout le monde souhaite le meilleur avenir pour ses enfants. » Souvent, ces jeunes issus de l’immigration n’ont pas de repères : « En retournant en vacances chez leurs grandsparents, dont ils ne parlent parfois plus la langue, ils idéalisent leurs origines. De l’autre côté, la France qui les accueille semble avoir honte de ce qu’elle est. Pour cette génération un peu schizophrène, nos écoles offrent un cocon dans lequel les jeunes peuvent adopter une matrice sociale, culturelle et intégrative. » Avec l’arrivée d’un prometteur ministre Rue de Grenelle, Espérance Banlieues pourrait constituer un laboratoire pour réformer l’école. GUYONNE DE MONTJOU