EN FRANCE, UN TRAIN PEUT EN CACHER UN AUTRE…
Il y a une France sous dopants et une autre sous perfusion. Le président de la République inaugurait la semaine dernière la ligne à grande vitesse Paris-Rennes. La veille de sa mise en service, le tribunal de commerce de Poitiers accordait trois semaines de sursis au sous-traitant automobile GMS, en « liquidation judiciaire avec prolongement d’activité », dont l’usine de La Souterraine (Creuse) est située sur la ligne sinistrée Paris-Toulouse. D’un côté la France qui gagne du temps, de l’autre celle qui désespère.
Et pourtant, à La Souterraine ou à Guéret, les électeurs ont voulu y croire : aux législatives, ils ont liquidé les communistes et les socialistes qui étaient là depuis la guerre, et laissé gagner un candidat En marche. Et si Macron pouvait nous sauver ? Son secrétaire d’Etat à l’Economie, Benjamin Griveaux, commentait le 30 juin : « Ne le dissimulons pas, il y a des personnes qui resteront sur le carreau. » Il parlait des 100 ou 120 salariés qui ne seraient pas dans le plan de reprise de GMS, lequel était le deuxième employeur privé du département avec 277 employés ! Mais il y a vingt ans que cette affaire décline, passant de plans de restructuration en plans sociaux, selon l’échelle des coûts de revient pratiqués en Europe orientale où la fiscalité et les charges sociales attirent les usines. Ce qui vaut pour Whirlpool vaut pour GMS. La ligne TGV tire les investissements, l’emploi, les écoles, les prix de l’immobilier ; les lignes sinistrées laissent sur le carreau les villes moyennes, les Français de plus de 50 ans dont les maisons ne se vendent plus, et les jeunes préfèrent partir. Le cycle de la désespérance et des soins palliatifs n’en finit pas. Pour combattre le « désert français », de Gaulle avait créé la Datar (délégation interministérielle à l’aménagement du territoire) en 1963. Sarkozy a voulu la relancer. Elle est morte sous Cécile Duflot. Et le désert mange le coeur de la France.
Il n’y a plus que le Tour de France pour faire découvrir et filmer toutes ces petites villes qui ne veulent pas mourir, à l’écart des autres, les Romans-sur-Isère, Rodez, Foix, Bergerac ou Périgueux, mais cela ne dure que trois semaines. Et La Souterraine n’était pas non plus sur le parcours de cette année.
D’un côté, la France qui gagne du temps ; de l’autre, celle qui désespère