CHANGE DE DISQUE !

Le suspense est insoutenable. Quel sera le tube de l’été ? Sur quoi dansera-t-on, éclairé par des boules à facettes ? Les vacances se ponctuent de chansons, d’airs à la mode. Des rengaines rythment nos souvenirs, bercent nos émois. Ils sont faits de 45tours, de transistors posés sur des serviettes de bain, de baisers frais et acides. Une année – quand était-ce ? –, il n’y avait pas moyen d’échapper à Macarena. Qui chantait ça, déjà ? Impossible de citer les auteurs de La Lambada, qui occasionna bien des dégâts dans les discothèques. Une chose est sûre, néanmoins : Saga Africa, c’était Yannick Noah. Au printemps, TF1 se débrouillait pour lancer un morceau, à vaste renfort de publicité.

Où sont passés les slows ? Aucun DJ n’oserait en programmer un. Ils mettaient pourtant de la douceur et de l’imprévu dans les soirées. On ne savait jamais où placer ses mains. Sur les hanches ? Au milieu du dos ? La vie se pimentait de ces incertitudes.

Une certaine distance était à respecter. Ces deux minutes trente étaient un concentré de séduction, des sensations en accéléré. Il fallait payer cash, pas de demimesure. Le coeur s’emballait. Les paroles s’emmêlaient. Soudain, les lumières se rallumaient. Un rock explosait dans les baffles. La fille avait disparu dans le noir. On n’avait même pas pensé à lui demander son prénom. La sagesse consistait à reprendre un gin tonic. Ou un Cuba libre. Nous étions si jeunes que l’avenir nous semblait incroyable et radieux. Allez, musique !

Cette chronique s’interrompt pour l’été et reprendra, comme celles de Frédéric Beigbeder, Philippe Tesson, Jean Sévillia et Jean-Christophe Buisson, le 1er septembre.

Les slows mettaient de la douceur et de l’imprévu dans les soirées