Le Figaro Magazine

UN BAL QUI PEINE À EMBALLER

- FRANÇOIS DELÉTRAZ

Encore un spectacle qui a besoin d’un mode d’emploi ! Car entre le spectateur qui aura lu ou entendu les propos de la chorégraph­e Mathilde Monnier et celui qui arrivera vierge à ce spectacle, la différente de perception sera grande. Pour le premier, une fresque sur l’Argentine ; pour le second, des études sur les danses de ce pays.

En s’inspirant du fameux Bal de Jean-Claude Penchenat – pièce de théâtre, puis film passé à la postérité malgré sa bonne dose d’ennui –, Mathilde Monnier et Alan Pauls ont voulu avec El Baile évoquer l’histoire de l’Argentine. Mais ne vous attendez pas à ce qu’on vous raconte, par la danse et la musique, les tribulatio­ns politiques et sociales de ce pays depuis l’arrivée de la dictature en 1976 jusqu’à la transition démocratiq­ue de 1983. Il s’agit plutôt d’une esquisse que notre spectateur vierge interpréte­ra comme une série de variations sur toutes les danses encore fort populaires en Argentine (tango, samba…). Car quand on ne parle pas espagnol, et qu’on n’a pas une connaissan­ce fine de cette culture, les références manquent pour comprendre pourquoi tel air symbolise tel événement. Ce « rébus », comme ose le définir Mathilde Monnier, est complété par des chansons, de la musique et une bande-son. Une création difficile, en somme, pour laquelle la chorégraph­e a longuement séjourné en Argentine, où elle a choisi une douzaine d’excellents danseurs qui se révèlent aussi être de très bons chanteurs.

Le spectacle est long à démarrer — une vingtaine de minutes pour une mise en place un peu fastidieus­e —, avant que la danse, après un roulement de tambour, devienne tonique et réconforta­nte. Ici, les danses collective­s sont autant de représenta­tions d’histoires individuel­les, de vécus, des souffrance­s et des joies d’un peuple soumis aux diktats de la politique et de l’économie. Que les amoureux du tango ne s’impatiente­nt pas : le final réserve une démonstrat­ion façon Rockettes du Radio City Music Hall, à laquelle seuls les puristes trouveront à redire. Après sa création au festival Montpellie­r Danse, ce spectacle d’une heure vingt partira pour une longue tournée la saison prochaine dans une trentaine de villes.

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