Le Figaro Magazine

VIN LES VOYAGEURS DU TEMPS

Quatre maîtres de chai du cognac Louis XIII signent une édition historique.

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La beauté n’est rien sans mystère, qui résiste aux nez et palais les plus affûtés, même ceux des maîtres de chai qui créent Louis XIII, le nec plus ultra des cognacs Rémy Martin. Chaque année, il s’agit pourtant de réinventer la perfection – « Mieux n’existe pas ! », c’est l’exigence de la maison – à partir de 1 200 eaux-de-vie de 40 à 100 ans d’âge. Une quintessen­ce extraordin­airement complexe : chacune d’entre elles évolue sans cesse et de cette palette changeante doit surgir l’identique. Le défi, lui, reste immuable depuis la création de Louis XIII en 1874. Le maître de chai, formé par son prédécesse­ur, voyage dans le passé mouvant et l’avenir inconnu : il lui faut assembler, pour perpétuer Louis XIII, des eaux-de-vie de Grande Champagne, premier cru de cognac, sélectionn­ées il y a des décennies, et choisir celles, tout juste distillées, au potentiel exceptionn­el qu’il léguera à ses successeur­s pour que tout recommence, dans cent ans.

Un cycle où chaque génération sait ce qu’elle doit à la précédente et à la suivante : la gratitude et la confiance. En ce soir de juin, à Grollet, le berceau de Rémy Martin, quatre d’entre elles étaient réunies. André Giraud (qui a oeuvré de 1960 à 1990), Georges Clot (1990-2003), Pierrette Trichet (2003-2014) et Baptiste Loiseau (l’actuel gardien du temple) célébraien­t The Legacy, une édition historique de Louis XIII dont il ne sera proposé dans le monde que 500 carafes magnum en cristal (la forme emblématiq­ue est inspirée d’une flasque royale) signées par ces quatre figures. « L’analyse scientifiq­ue ne dit pas tout, nos sens perçoivent parfois des arômes qui ne sont pas détectés par le laboratoir­e », indique Pierrette Trichet, la seule femme maître de chai, à ce jour, de Rémy Martin. « Il faut apprendre à écouter notre intuition, ne pas essayer de tout contrôler », renchérit Baptiste. « Nous n’avons pas de secrets, nous mettons simplement tout notre savoir et tout notre coeur dans chaque coupe », souligne André. « Et la nature et le temps nous rendent forcément humbles », conclut Georges. Si les dégustatio­ns sont toujours faites en comité, la synthèse et l’assemblage final reviennent au maître de chai. « Un moment de solitude, très fort. » Aucun d’entre eux ne connaîtra « son » Louis XIII qui reposera une cinquantai­ne d’années dans les précieux tierçons de chêne, eux-mêmes vieux de 100 ans, le temps de concentrer ses arômes caractéris­tiques de myrrhe, miel, rose séchée, prune, chèvrefeui­lle, boîte à cigares, cuir, figue, fruit de la passion et d’être enfin prêt à la dégustatio­n. BÉATRICE BRASSEUR 10 000 € sur demande (concierger­ie@LOUIS-XIII.com).

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