L’affiche/Les passe-temps d’Eric Neuhoff
Tout le long de sa magnifique carrière, la mezzosoprano française Béatrice Uria-Monzon a su prendre des risques pour dépoussiérer l’art lyrique. A l’occasion du 40e anniversaire de la disparition de Maria Callas, elle relève le défi d’incarner sans artifice celle qui aura porté chaque air et chaque instant de sa vie jusqu’à l’incandescence.
Dans un spectacle écrit et raconté par Alain Duault, extrait de son inoubliable livre Dans la peau de Maria Callas (Le Passeur), notre diva à la voix de nacre et au physique altier reprend les plus beaux airs qui ont forgé le mythe Callas, éclairant au fil d’un récit complet une vie et un destin exceptionnels. Uria-Monzon a, comme son aînée, du feu dans la voix. Elle projette une présence bouleversante et une féminité explosive pour un hommage émouvant aussi bien à l’artiste qu’à la femme. Un spectacle * qui se prolonge avec l’exposition « Maria by Callas » à La Seine musicale de Boulogne-Billancourt du 16 septembre au 14 décembre. OLIVIER OLGAN
* Le 16 septembre au Parc floral de Paris, le 7 octobre à Vichy, le 17 novembre à Agen, le 8 décembre à Antibes.
BAD BOB
On l’a connu maléfique et sportif face à Harry Potter, vampirique et romantique en héros de Twilight,
millionnaire et ambitieux chez David Cronenberg (Cosmopolis
puis Maps to the Stars),
mais on ne savait pas combien Robert Pattinson était taillé pour le rôle du bad boy. C’est ce que révèlent les frères Safdie, cinéastes new-yorkais protégés de Scorsese, dans leur film
Good Time *, thriller percutant où « RPatz » incarne un braqueur impulsif et tourmenté aussi inquiétant qu’attachant. En manquant de peu le prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes (finalement remis à Joaquin Phoenix), l’acteur britannique a pu montrer de quel bois il se chauffait. Après Good Time, on l’attendra donc de pied ferme dans le costume d’un homme d’affaires
(Damsel, de David Zellner) puis dans le film en deux parties de Joanna Hogg
The Souvenir. Sans plus jamais (promis !), reléguer ce grand comédien au rang d’idole des jeunes !
CLARA GÉLIOT
* En salles le 13 septembre.
QUE D’ARTS, QUE D’ARTS !
La Biennale des antiquaires devient annuelle pour faire face à ses concurrentes, les foires de Maastricht et de New York. Mais elle gardera le nom de Biennale, qui contribue au prestige de Paris depuis un demisiècle. Question cruelle : la manifestation est-elle encore à la hauteur de sa réputation ? Pour en juger, rendez-vous au Grand Palais * où 94 marchands d’archéologie, de tableaux, sculptures, mobilier, bijoux, anciens et modernes, déploient leurs trésors. En prime, des collections privées y sont dévoilées, celles de
la famille Barbier-Mueller : art tribal, objets de samouraïs, peinture du XVIIIe siècle, oeuvres contemporaines. Quatre générations. Chez eux, la passion de l’art est héréditaire.
LAURENCE MOUILLEFARINE
* Du 11 au 17 septembre.
MAGIQUE MICHALIK
Richard, un metteur en scène qui a un peu raté sa carrière, accompagné d’une actrice qui est aussi son ex-femme, croit retrouver un second souffle en dispensant des cours de théâtre dans une prison. Mais les choses, évidemment, ne se passent pas comme il le souhaite... Avec Intra Muros *, les fidèles d’Alexis Michalik seront aux anges. Ils retrouveront tout ce qui fait son style et son charme, notamment ces mises en abyme dont il a le secret. Cette reprise dans un grand théâtre s’imposait. JEAN-LUC JEENER
* La Pépinière, Paris IIe.
LIVRE
DESTINS DE FEMMES
C’est une histoire à ne pas croire. Celle de deux femmes, Evelyne Pisier et sa mère, dont la vie embrassa jusqu’à l’extrême tous les combats féministes. La mère quitte un mari violent et raciste pour une vie délurée, se jetant sans retenue dans toutes les luttes présumées libérer les femmes. La fille, belle comme il n’est pas permis, suit le mouvement, s’éprend de Fidel Castro mais le quitte pour une carrière universitaire étincelante et un mariage agité. Tissé par la jeune éditrice Caroline Laurent, le récit * de ces deux vies, tout à la fois grisant et probe, ne cache rien du prix payé pour cette liberté.
En le refermant, on se demande simplement comment on peut encore être féministe aujourd’hui, quand la colonisation, le castrisme et le patriarcat ne sont plus que des histoires anciennes…
GUILLAUME ROQUETTE * Et soudain, la liberté,
d’Evelyne Pisier et Caroline Laurent, Les Escales, 442 p., 19,90 €.