Le Figaro Magazine

UN HIVER SANS FRONTIÈRES

Les références à la mode américaine nourrie par l’éclectisme du monde foisonnent dans les collection­s actuelles. Un hasard ?

- FRÉDÉRIC MARTIN-BERNARD

J’ai vu New York, New York USA… », par Serge Gainsbourg, donnait le ton sur la bande-son du défilé Salvatore Ferragamo, en ouverture de la première collection du Français Guillaume Meilland, le 15 janvier dernier à Milan. Dans les jours qui ont suivi, sur les podiums européens comme new-yorkais pour les collection­s homme automne-hiver 2017-2018, les clins d’oeil à la mode d’outreAtlan­tique, à son sportswear né sur les campus universita­ires, voire au streetwear, plutôt originaire du bitume et des quartiers à la marge des mégalopole­s américaine­s, et à tout ce que le Nouveau Monde a pu piocher ici ou là dans l’histoire de l’habillemen­t masculin à l’échelle mondiale pour draper son American way of life, furent plus nombreux que jamais. Alors que son nouveau président prenait des décrets pour fermer ses frontières. Sur les catwalks de Manhattan, plusieurs designers étrangers n’ont pas manqué de monter au créneau à l’occasion de leur défilé. L’Allemand Robert Geller – établi làbas depuis 2003 – est venu saluer avec un tee-shirt tagué « Immigrant ». Le Japonais Daisuke Obana, du label N.Hoolywood, a présenté des looks cumulant les pièces typiques de la mode américaine à la manière de réfugiés trimbalant ce qui leur reste de leur vie sur le dos. Quant au Belge Raf Simons, il a placé sa première collection pour Calvin Klein sous le thème de la diversité, piochant dans ce même registre vestimenta­ire de classiques made in USA – mixant les dégaines, cinq poches et santiags des cow-boys du fin fond du pays avec les habits workwear des hommes de chantier comme les blazers chics et les manteaux croisés des businessme­n. Un galop d’essai particuliè­rement bien vu dans le cadre de cette maison presque cinquanten­aire qui touchait tout le monde dans ses grandes années au coeur des eighties !

En parallèle, sur les réseaux sociaux,

#tietogethe­r devenait le hashtag des présentati­ons internatio­nales de la saison, à l’initiative du magazine Business of Fashion, qui lança aussi l’idée d’un bandana blanc à porter d’un show à l’autre pour, sinon manifester sa colère, du moins rappeler que l’union fait la force. Que la mode contempora­ine se nourrit de différence­s, d’origines, de couleurs, de coutumes, de cultures et d’artisanat de tous horizons. Une autre actualité forte de ces collection­s illustrait ces frontières qui n’ont plus cours et trouvait, elleaussi,sonorigine­àManhattan.Le19janvie­rdernieràP­aris, un premier mannequin déboulait chez Louis Vuitton avec une pochette rouge écarlate qui lui barrait la poitrine sur son costume de ville bleu marine. En toutes lettres blanches sur cette pièce de maroquiner­ie, le nom de Supreme, avec qui le malletier s’associe pour une coédition inédite. Cette marque ne vous dit rien ? Pas étonnant, ce label de streetwear a commencé par séduire, en 1994, les kids sur des planches de skate dans les rues du Lower East Side. Quelque vingt ans plus tard, il est passé maître dans les collaborat­ions surprenant­es et éclectique­s. Des coéditions, la plupart du temps collector et en rupture de stock avant même leur arrivée en boutique, qui connaissen­t aujourd’hui leur apothéose avec la première griffe mondiale de luxe. ■

 ??  ?? La collaborat­ion de Louis Vuitton avec le label new-yorkais de streetwear Supreme est un parfait exemple de la mode actuelle brassant des styles différents.
La collaborat­ion de Louis Vuitton avec le label new-yorkais de streetwear Supreme est un parfait exemple de la mode actuelle brassant des styles différents.

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