Ethologie : 16e Rencontres de la Cense
Les 16e Rencontres de la Cense, près de Rambouillet, se dérouleront du 15 au 17 septembre. Une occasion de découvrir ce temple de l’éthologie créé il y a une petite vingtaine d’années, et de constater à quel point repenser la relation homme-cheval répond
C’est la rentrée. Dans les clubs équestres, les cavaliers qui piaffaient d’impatience à l’idée de remonter à cheval sont à nouveau sous l’emprise de la reprise. Fini la bride sur le cou, il faut reprendre le travail, continuer à progresser, à deux. Chacun sa méthode mais, après des années d’un enseignement souvent dispensé par d’anciens militaires, les apprentissages privilégiant une relation homme/animal plus horizontale, construite sur le bon sens, le respect mutuel, l’observation, la compréhension… rencontrent de plus en plus de succès. Au Haras de la Cense, fondé par l’entrepreneur franco-américain William Kriegel, passionné de chevaux depuis l’enfance, cela fait longtemps que l’on pratique et que l’on enseigne l’équitation éthologique. Il n’a pas toujours été facile de convaincre les sceptiques cabrés à l’idée que « des cowboys puissent nous apprendre à monter à cheval ». Difficile de lutter contre l’image réductrice d’un Redford chuchotant à l’oreille d’un Appaloosa, de bannir la caricature de grands naïfs flirtant avec l’anthropomorphisme. Mais le soutien de la Fédération française d’équitation, la création de brevets fédéraux et l’évolution d’une société plus sensible au bien-être animal ont permis à cette science – qui utilise des outils pédagogiques issus du horsemanship américain et s’appuie sur des connaissances scientifiques sur le comportement du cheval –, de s’imposer.
« Aujourd’hui l’éthologie répond à une attente profonde des usages de la pratique équestre et du public, assure William Kriegel. De nouvelles aspirations sociétales, une prise de conscience environnementale, écologique et animale y ont contribué… On cherche davantage à comprendre le cheval, à faire évoluer notre relation dans le respect de l’animal sans pour autant le prendre pour un animal de compagnie. » Et ça marche. Il y a un an, l’acteur et cavalier Thierry Lhermitte confiait à Manuel Godin, directeur technique du haras, un cheval devenu impossible à monter. Une opération de la dernière chance qui, à force de patience, a permis à Uptone
de retrouver confiance en l’homme et en lui. Il faut voir cet ancien grand craintif évoluer dans le manège avec Elena Gallo, plus attentif et studieux qu’un premier de la classe. Un exemple d’éducation réussie où les deux partenaires ont trouvé un terrain d’entente commun. Et William Kriegel d’interroger : « A votre avis, qui éduque qui ? Le cheval aussi a beaucoup à apprendre à l’homme. » On le décode, il nous observe. On l’invite à répondre à des sollicitations, il sait très vite à qui il a affaire. C’est une relation réciproque, une approche vertueuse qui fait écho aux questionnements actuels et contribue à la promotion de valeurs éducatives éprouvées. Grandir en humanité grâce et avec le cheval, telle est la thématique des 16e Rencontres de la Cense. Bien au-delà de la promotion d’une méthode, d’un engagement, ce rendez-vous équestre se veut ouvert sur la société. De nombreuses conférences, ateliers, démonstrations réunissant plus de 70 intervenants (intellectuels, scientifiques, techniciens, coachs, cavaliers, enseignants, artistes) sont proposés. Trois jours animés par la passion des chevaux et une équitation dont la noblesse est de remettre l’être humain à sa juste place. A cheval, la force ne sert à rien. Il faut composer, écouter, formuler clairement ses attentes, être sûr de le vouloir, se montrer humble, patient, responsable… « Le cheval est un bon maître non seulement pour le corps, mais aussi pour l’esprit et le coeur », affirmait Xénophon. Rien n’a changé. Hormis l’urgence de le comprendre.
LAURENCE HALOCHE Haras de la Cense, RD 988, Rochefort-en-Yvelines, de 1O h à 18 h, billets à partir de 18 €, pass 3 jours 56 €, gratuit le dimanche (Lacense.com).