En vue : Carles Puigdemont
Malgré le veto du pouvoir central, le président du gouvernement catalan se prépare pour le référendum d’autodétermination du 1er octobre.
Ce n’est pas encore un plébiscite mais cela y ressemble un peu. Le 11 septembre, à l’occasion de la « fête nationale » de Catalogne, un million de personnes ont manifesté à Barcelone, sous la fameuse bannière sang et or. Avec deux mots d’ordre : « independencia » et « votarem ! » (Nous voterons !). Ils répondaient à l’appel du chef de l’exécutif régional, Carles Puigdemont, fermement décidé à tenir son référendum d’autodétermination, le 1er octobre. Et ce, malgré l’opposition claire et nette des autorités espagnoles, lesquelles jugent le procédé anticonstitutionnel. Le Premier ministre, Mariano Rajoy, l’a déclaré sans ambages : « Il n’y aura pas de référendum d’autodétermination en Catalogne. » Soucieux d’éviter un choc frontal (dont les retombées seraient contre-productives en termes d’image), il se contente pour l’instant de déployer tous les moyens légaux pour empêcher cette consultation : recours devant le tribunal constitutionnel, courrier dissuasif adressé aux municipalités catalanes et menaces de poursuites. Mais rien ne semble arrêter Carles Puigdemont. Président de la Généralité de Catalogne depuis 2016, l’ancien député-maire de Gérone se verrait bien en « Père de la nation ».
Agé de 54 ans, ce philologue de formation milite depuis toujours pour l’indépendance. A 20 ans, il adhère au parti CDC (Convergence Démocratique de Catalogne) et entame une carrière de journaliste. Devenu rédacteur en chef du journal El Punt Avui, il crée en 1999 l’agence de presse ACN (Agència Catalana de Notícies) et dirige la revue anglophone Catalonia Today. Des supports médiatiques qui lui permettent de diffuser ses opinions séparatistes. Gramsciste de fait, il prépare la conquête du pouvoir par le combat des idées. La méthode sera payante : en 2006, il est élu au parlement catalan et, en 2011, il décroche la mairie de Gérone. Gestionnaire apprécié, il oeuvre pour le développement économique et touristique de la gracieuse cité. Son coup de maître est d’avoir négocié et accueilli le tournage de la série culte Game of Thrones (le marché de Braavos et la cathédrale de Port-Réal dans la saison 6). Aujourd’hui, Gérone attire plus de visiteurs que Figueras et le musée Dalí ! Le 1er octobre, le leader indépendantiste compte poser la question suivante à ses compatriotes : « Voulez-vous que la Catalogne soit un Etat indépendant sous la forme d’une République ? » 700 communes (sur 948) ont accepté d’organiser le référendum. Mais les grandes villes (notamment Barcelone et Tarragone) n’en font pas partie. En outre, selon les sondages, deux tiers des Catalans souhaiteraient que le scrutin se déroule avec l’aval de Madrid. Lequel ne viendra jamais, Constitution oblige. Bref, le pari de Carles Puigdemont est loin d’être gagné…