Les têtes de Carl Meeus
Je me sens très à l’aise avec cette majorité
Edouard Philippe est un Premier ministre heureux. Ceux qui le connaissent n’ont aucun doute à ce sujet, malgré les difficultés que traverse le pays en ce moment. « Même dans ses rêves les plus fous, il ne s’imaginait sûrement pas être Premier ministre, il y a un an,
analyse un de ses amis. Si Juppé gagnait, il aurait été ministre, si Fillon l’emportait, c’était les mines de sel. » Mais comme rien ne s’est passé comme prévu, Emmanuel Macron l’a nommé chef du gouvernement. Homme réservé, Edouard Philippe ne va pas jusqu’à dire qu’il est heureux mais, à le voir dans les salons de l’hôtel de Matignon, entourés de ses conseillers, on sent qu’il se considère à sa place : « C’est passionnant.
Ça correspond bien à l’idée que je m’en faisais. Matignon n’a rien d’un enfer, même si tout va très vite. » Et pourtant l’entente entre un homme de droite et une majorité et un président En Marche ! n’était pas forcément évidente au départ. « Je me sens très à l’aise avec cette majorité », confirme Edouard Philippe, toujours adhérent LR, même si ses cotisations ont été suspendues par la direction du parti et que son sort dépend de la décision d’une commission. « S’ils jugent utiles d’exclure un Premier ministre… », réfléchit à voix haute un Edouard Philippe qui assume : « Si quelqu’un fait les choses clairement, c’est moi. Je suis dans ma ligne. C’est aux Républicains de voir si ça leur pose un problème que j’applique une partie de leur programme. »
Avec Emmanuel Macron, les relations semblent également au beau fixe. « On a une lecture commune des institutions de la Ve République. Le Président est la clé de voûte, le Premier ministre met en oeuvre les décisions. » Lecteur attentif, Edouard Philippe a retenu que de Gaulle évoquait devant Pompidou, en 1964, « le lot aussi complexe et méritoire qu’essentiel du Premier ministre » pour permettre au chef de l’Etat d’être libéré des contingences politiques.
Leur showroom ne désemplit plus. Depuis qu’Emmanuel Macron porte les costumes taillés par Jonas & Cie, la petite entreprise de Jean-Claude et son fils Laurent Touboul est devenue tendance. Il faut dire que les deux hommes sont très attentifs à leurs clients. Quand il a vu que le chef de l’Etat portait un de ses costumes le 14 juillet dernier, Jean-Claude lui a envoyé un SMS : « J’espère qu’il sera à la hauteur ! » Réponse amusée du Président : « J’espère que je serai à la hauteur. »