REVERS GAGNANTS
Plusieurs détails caractérisent l’allure générale d’une veste : l’arrondi de ses basques, la hauteur et le positionnement des poches, le nombre de boutons, la largeur des épaules… La forme et le dimensionnement des revers aussi en disent long sur son élégance. Curieuse invention d’ailleurs que ce pan de tissu qui se retourne sur lui-même depuis l’intérieur. Sous l’Ancien Régime, les habits militaires étaient souvent soutachés en tissu opposé, ce qui donnait l’impression d’un évasement de l’intérieur sur le buste. Ce trait stylistique s’affirme en Angleterre, à l’époque de la Régence. Le haut des habits s’élargit tant qu’il devient impossible de le fermer ; les deux pans virevoltent alors au gré du vent, apportant un panache très en vogue. Au fil du XIXe siècle, la liaison avec le col s’affine. De la rencontre du pan de veste qui s’évase et du col qui se plaque sur la clavicule naît la ligne d’anglaise, autrement dit l’encoche caractéristique de la forme du revers. Il en existe deux : le revers cranté classique et le revers en pointe. Le premier est universel, le second plus habillé.
Suivant les époques, la dimension des revers varie beaucoup. Sous l’époque victorienne déjà, d’une décennie à l’autre, ils alternent étroitesse et générosité. Très fins dans les années 1960, ils sont bien larges dans les années 1970. Les années 1990 consacrent les revers placés bas. De nos jours, les esprits sont partagés. Les maisons parisiennes comme Dior confectionnent des vestes avec des revers plutôt minces alors que les institutions italiennes comme Kiton affectionnent les revers d’au moins 9 cm placés haut. Comme tailleur, j’ai tendance à penser qu’un bon revers doit couvrir au moins la moitié de l’épaule de façon à étoffer le porteur et équilibrer le haut du corps. A contrario, des revers minces donnent parfois l’impression que la tête est énorme. Une tendance actuelle que l’on voit trop souvent, notamment chez les politiques.
Equilibrer le haut du corps