FAIRE-PART

La mort ne chôme pas. Les RTT ne sont pas faites pour elle. L’ été fut donc meurtrier. Cela n’ a pas arrêté. Les journaux croulaient sous les nécrologies. L’actualité se conjugue à l’imparfait. Les acteurs ne furent pas épargnés. Quel générique ! Il s’écrit en lettres noires. En février prochain, les César vont ressembler à un cimetière. Tous ces visages familiers qui apparaîtront en fond d’écran, avec une musique funèbre. Sur scène, les animateurs s’excuseront presque d’être vivants. Jeanne Moreau n’arpentera plus les rues la nuit au son de la trompette de Miles Davis. Sam Shepard est parti le même mois qu’elle. Sa disparition est passée un peu inaperçue. Il ne suffit pas de mourir, quand on est célèbre : il faut choisir son jour. La vedette de L’Etoffe des héros a définitivement franchi le mur du son. Claude

Rich, plus connu sous le nom d’Antoine Delafoy, ne draguera plus la charmante Patricia des Tontons flingueurs. Jean Rochefort ira directement au paradis. On imagine qu’il racontera des histoires drôles aux séraphins et demandera à saint Pierre où se trouvent les écuries. Mireille Darc enfilera sa robe noire terriblement échancrée dans le dos. Les anges se dévisseront la tête sur son passage. Jerry Lewis se réconciliera pour de bon avec Dean Martin en entrechoquant leurs verres de bourbon. Anne Wiazemsky s’en est allée sur la pointe des pieds, juste après avoir vu Le Redoutable, où elle est incarnée par la diaphane Stacy Martin. Sur terre, en Suisse, Jean-Luc Godard n’est toujours pas à bout de souffle. On voit par là que la comédie est un métier dangereux. Qu’en conclure ? Les films devraient-ils être remboursés par la Sécurité sociale ? Il fait beau, allons au cinéma. Sur l’écran, ces gens-là ne meurent jamais. De grands fantômes rôdent dans l’obscurité. C’est une chose qui donne beaucoup à réfléchir. Moteur !

Les César vont ressembler à un cimetière