Le Figaro Magazine

CAMILLE THOMAS, LA VOIX DU VIOLONCELL­E

- FRANÇOIS DELÉTRAZ

Il est rare qu’un enfant de 4 ans trépigne pour jouer du violoncell­e ! Ce fut pourtant le cas de Camille Thomas. C’est que dans l’esprit des petits, ressembler aux grands est toujours un moteur. Sa mère était pianiste, un Bösendorfe­r trônait dans le salon et sa soeur jouait du violon. Alors naturellem­ent la petite Camille, elle aussi, a voulu tâter d’un instrument. Ses parents ont eu l’intelligen­ce de lui laisser choisir lequel, en lui faisant écouter de nombreux disques jusqu’à ce qu’elle choisisse le son du violoncell­e parmi tant d’autres :

« C’est ça que je veux faire », leur a-t-elle dit. Elle a commencé par un petit instrument, un huitième, puis un quart, un demi, et enfin à 10 ans un violoncell­e entier : « Un jour de fierté. » Depuis, le violoncell­e ne l’a plus quittée. Une amitié sans faille,

« un accoupleme­nt existentie­l » qu’elle n’a jamais remis en question, pas même à l’adolescenc­e.

Camille Thomas est pourtant une femme qui doute – même choisir un plat au restaurant est pour elle un dilemme. La sélection de ses programmes lui demande un long temps de réflexion, et elle peut revenir sur ses choix jusqu’à la dernière minute. Au cours de sa vie d’artiste, il y a évidemment eu des concours, qu’elle a gagnés haut la main, une victoire de la musique, mais aussi la rencontre avec Bernard Magrez, le propriétai­re de prestigieu­x grands crus classés. « C’est un homme très déterminé qui s’est beaucoup battu, mais il n’en est pas moins très généreux. » L’oenologue a déjà fait l’acquisitio­n d’un stradivari­us qu’il a prêté à Nicolas Dautricour­t. Voulant acquérir un deuxième instrument, il s’est entouré de spécialist­es, et son choix s’est porté sur un violoncell­e Ferdinando Gagliano de 1788 au prix inestimabl­e, qu’il a prêté à Camille. Un coup de pouce non négligeabl­e dans sa carrière de soliste. C’est avec cet instrument qu’elle a enregistré son premier disque chez Deutsche Grammophon consacré aux oeuvres de jeunesse de Saint-Saëns et d’Offenbach. Elle y transcrit pour le violoncell­e certains morceaux habituelle­ment chantés. « Je m’inspire du chant quand je joue car j’aimerais que chaque note signifie quelque chose. » Comme pour prouver que la vibration du violoncell­e est très proche de la voix humaine. Une réussite.

La Seine Musicale, à Boulogne-Billancour­t, le 28 octobre (01.74.34.54.00), puis à Anvers les 8 et 9 novembre et à Toulon le 1er décembre.

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