CAMILLE THOMAS, LA VOIX DU VIOLONCELLE
Il est rare qu’un enfant de 4 ans trépigne pour jouer du violoncelle ! Ce fut pourtant le cas de Camille Thomas. C’est que dans l’esprit des petits, ressembler aux grands est toujours un moteur. Sa mère était pianiste, un Bösendorfer trônait dans le salon et sa soeur jouait du violon. Alors naturellement la petite Camille, elle aussi, a voulu tâter d’un instrument. Ses parents ont eu l’intelligence de lui laisser choisir lequel, en lui faisant écouter de nombreux disques jusqu’à ce qu’elle choisisse le son du violoncelle parmi tant d’autres :
« C’est ça que je veux faire », leur a-t-elle dit. Elle a commencé par un petit instrument, un huitième, puis un quart, un demi, et enfin à 10 ans un violoncelle entier : « Un jour de fierté. » Depuis, le violoncelle ne l’a plus quittée. Une amitié sans faille,
« un accouplement existentiel » qu’elle n’a jamais remis en question, pas même à l’adolescence.
Camille Thomas est pourtant une femme qui doute – même choisir un plat au restaurant est pour elle un dilemme. La sélection de ses programmes lui demande un long temps de réflexion, et elle peut revenir sur ses choix jusqu’à la dernière minute. Au cours de sa vie d’artiste, il y a évidemment eu des concours, qu’elle a gagnés haut la main, une victoire de la musique, mais aussi la rencontre avec Bernard Magrez, le propriétaire de prestigieux grands crus classés. « C’est un homme très déterminé qui s’est beaucoup battu, mais il n’en est pas moins très généreux. » L’oenologue a déjà fait l’acquisition d’un stradivarius qu’il a prêté à Nicolas Dautricourt. Voulant acquérir un deuxième instrument, il s’est entouré de spécialistes, et son choix s’est porté sur un violoncelle Ferdinando Gagliano de 1788 au prix inestimable, qu’il a prêté à Camille. Un coup de pouce non négligeable dans sa carrière de soliste. C’est avec cet instrument qu’elle a enregistré son premier disque chez Deutsche Grammophon consacré aux oeuvres de jeunesse de Saint-Saëns et d’Offenbach. Elle y transcrit pour le violoncelle certains morceaux habituellement chantés. « Je m’inspire du chant quand je joue car j’aimerais que chaque note signifie quelque chose. » Comme pour prouver que la vibration du violoncelle est très proche de la voix humaine. Une réussite.
La Seine Musicale, à Boulogne-Billancourt, le 28 octobre (01.74.34.54.00), puis à Anvers les 8 et 9 novembre et à Toulon le 1er décembre.