INTERDIT AUX MOINS DE 40 ANS
Un homme d’un certain âge, ancien diplomate, retourne à Salt Lake City, ville de sa jeunesse, enterrer sa tante. Seul sur place dans ce pays mormon, il se retrouve peu à peu enseveli sous des souvenirs datant de presque cinquante ans. Des amis de jeunesse, une femme qu’il aurait pu épouser, sa mère et son frère morts il y a longtemps, et un père détesté, ancien bootlegger qui a fini par se suicider. Errant dans la ville, il note ce qui a disparu et trouve les rares vestiges de ce qui fut son quotidien dans les années 1920. Dans sa poche, il a le numéro de téléphone de son ancien meilleur ami, toujours vivant, mais hésite à l’appeler. L’Envers du temps (le titre anglais, Recapitulation résume mieux son propos) est un livre que les moins de 40 ans ne pourront apprécier, mais que les plus âgés savoureront, comme une méditation sur ce qui n’est plus mais nous a fait. Roman semi-autobiographique du géant de la littérature américaine Wallace Stegner, c’est aussi une espèce de suite à La Montagne en sucre (Gallmeister), qui se passe au même endroit près d’un demi-siècle plus tôt. L’écrivain n’était pas qu’un génial romancier loué dès ses débuts par Sinclair Lewis en personne puis plus tard vénéré par Jim Harrison, c’était aussi un grand professeur : ses élèves, parmi lesquels Raymond Carver, Larry McMurtry, Thomas McGuane et Edward Abbey, ne diront pas le contraire.
L’Envers du temps, de Wallace Stegner, Gallmeister, 360 p., 23,20 €. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Eric Chédaille.