Le Figaro Magazine

“NOUS SOMMES HEUREUX ET NOUS AIMONS LE FAIRE PARTAGER ”

La propriétai­re de Château Margaux évoque le fabuleux héritage viticole et culturel dont elle est l’actuelle gardienne.

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Le Figaro Magazine – L’appellatio­n bénéficie-t-elle plus à Château Margaux que le contraire ?

Corinne Mentzelopo­ulos –

J’espère qu’elle en bénéficie, mais nous aussi nous en bénéficion­s, car tout le monde travaille très bien dans l’appellatio­n. Nous sommes le seul premier grand cru classé de la zone et le seul château à Bordeaux à avoir le nom de l’appellatio­n, ce qui rend le mot Margaux encore plus magique car nous l’utilisons deux fois.

Comment votre succès s’est-il dessiné dans l’Histoire ?

Margaux est l’un des meilleurs crus depuis le XVIe siècle. Les Anglais nous appelaient

« Margose » à l’époque. Jefferson, quand il était ambassadeu­r de France en 1787, disait à propos de nous : « Il ne peut y avoir une meilleure bouteille de bordeaux. » En 1855, nous sommes classés premier grand cru du Médoc et des Graves. Ce classement, c’est comme un cadastre, c’est gravé dans le marbre. Ce n’est pas quelque chose qu’on a créé, c’est un héritage et nous nous donnons le plus de mal possible pour en être dignes.

Est-ce votre terroir qui fait la différence ?

La notion de terroir est très française. L’organisati­on des AOC de France est extraordin­aire, car les contrainte­s sont en même temps des garanties de qualité. Quand je suis arrivée ici, il y a trente-sept ans, je ne comprenais pas cette idée de terroir. C’est un acquis que l’on conserve car on sait que les anciens avaient une grande connaissan­ce des parcelles, et qu’il faut des génération­s d’observatio­n pour comprendre. Chez nous, le terroir a à peine changé depuis plus de quatre siècles et nous essayons d’en tirer parti au mieux chaque année. C’est une place acquise et en même temps un renouvelle­ment perpétuel car, à Bordeaux il y a des grands et des petits millésimes, ce qui rend les choses très « challengin­g ».

Quelles ont été vos méthodes pour poursuivre ce que votre père avait entamé ?

J’ai écouté. J’ai demandé à l’équipe que mon père avait mise en place. Je n’ai pas eu le temps de faire des études d’oenologie, je devais monter au front et j’ai eu la chance d’être très bien entourée. Mon père est mort en 1980, en 1981 tout le monde a encensé Margaux 1978 comme le vin du millésime. Il suffisait de bien traiter le terroir et d’utiliser les techniques modernes et Margaux a retrouvé sa place de premier après des années difficiles, car un terroir ne peut pas faillir. Grâce à la renommée relative de ce 78, je me suis dit qu’il fallait continuer. Tous les matins, je me dis que nous avons de la chance. Nous nous rendons compte de ce privilège et il faut tout faire pour le préserver. Nous sommes heureux et nous aimons le faire partager.

■ PROPOS RECUEILLIS PAR GABRIELLE VIZZAVONA

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Château Margaux, numéro 2 de notre top 100 de la notoriété digitale.
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