“CHASSER LE SPLEEN, POUR UN VIN, C’EST MAGIQUE ”
La propriétaire de Château Chasse-Spleen, à Moulis, décrypte la notoriété de son domaine.
Le Figaro Magazine – Le nom de votre domaine contribue-t-il beaucoup à sa popularité ? Céline Villars-Foubet – Oui, bien sûr. Ce nom, c’est du marketing avant l’heure. Il est inventé, à la différence des autres noms qui sont ceux de lieux ou de propriétaires. C’est un nom très porteur, car chasser le spleen, pour un vin, c’est magique. Tous les vins chassent le spleen, mais le mien encore plus ! J’ai le plus joli nom de domaine. Beaucoup de gens nous citent dans des films, des livres ou des chansons grâce à cela, et certaines personnes l’achètent juste pour le nom. Bien entendu, le vin est bon, très régulier et bien distribué. Le fait que nous en produisions une forte quantité joue aussi beaucoup sur la notoriété ; cette accessibilité relative contribue au fait que tout le monde peut s’acheter du Chasse-Spleen.
Que pensez-vous de l’appellation Moulis ?
Moulis est la plus petite Appellation médocaine. Il n’y a pas de grand cru classé 1855 sur cette appellation. Elle ne compte que trois crus bourgeois connus, ChasseSpleen est la plus grande propriété avec 105 hectares de vignes suivie par Poujeaux et Maucaillou. A nous trois, nous représentons la moitié de la production, sachant que nous sommes un peu plus d’une trentaine de producteurs. C’est une appellation de connaisseurs, avec des vins qui offrent un très bon rapport qualité-prix.
La notoriété de Chasse-Spleen dépasse-t-elle celle de son appellation ?
Ce n’est pas très modeste de dire cela, mais c’est ce que je pense. Les trois leaders portent l’appellation et pas le contraire. Listrac est dans le même cas de figure que nous, c’est même encore pire chez eux. Les châteaux connus sont devenus des marques affranchies de leur appellation et parfois même du millésime, comme c’est notre cas. Beaucoup de nos clients réguliers achètent nos vins sans regarder le millésime. Cette constance de qualité et de prix reflète notre philosophie. Moulis et Listrac sont des appellations plus confidentielles que les quatre autres du HautMédoc. Comment se démarquent-elles ?
Le Haut-Médoc souffre un peu par rapport aux grandes appellations communales ultraprestigieuses, le foncier est extrêmement cher et ne présente pas de retour sur investissement possible. L’avantage, à Moulis ou Listrac, c’est qu’il y a encore une possibilité de s’agrandir à des prix raisonnables. Vous vendez beaucoup en France. Est-ce une force d’être très présent sur son marché ?
Nous sommes fiers de continuer à vendre beaucoup de vin sur le marché français, c’est un atout réel d’être fort chez soi. Quand les Anglais constatent qu’il y a une demande française forte, notamment pour les primeurs, ils sont incités à commander plus. C’est valable pour tout : quand les gens qui vous connaissent le mieux achètent, ceux qui vous connaissent moins bien vous font confiance plus facilement.
■ PROPOS RECUEILLIS PAR GABRIELLE VIZZAVONA