Le Figaro Magazine

En vue : Ksenia Sobtchak

Animatrice de télé et figure des soirées mondaines, la jeune femme défie Vladimir Poutine à l’élection présidenti­elle de mars prochain.

- • JEAN-MARC GONIN

En Russie, l’élection présidenti­elle prévue le 18 mars 2018 vient de gagner en attractivi­té. Vladimir Poutine, qui entretient encore un secret de Polichinel­le sur sa candidatur­e, devra affronter Ksenia Sobtchak, 35 ans, animatrice de télé-réalité, figure des rubriques people et journalist­e sur une chaîne privée. Ce match de la star contre le tsar a des airs de famille. Ksenia n’est autre que la fille d’Anatoli Sobtchak (mort en 2000), figure de l’après-communisme, élu maire de Leningrad en 1991, qui s’empressa de lui redonner son nom historique : Saint-Pétersbour­g. Lorsqu’il s’installa à la mairie, il appela à ses côtés un lieutenant-colonel du KGB, Vladimir Poutine. A l’époque, Ksenia n’avait pas 9 ans, mais la proximité entre son père et son adjoint était telle qu’une rumeur veut que l’actuel président soit son parrain. Une chose est sûre, il utilise le diminutif « Ksioucha » pour parler d’elle.

« Ces dernières dix-sept années, une toute nouvelle génération a grandi et veut voir une Russie qui est civilisée et européenne », a expliqué l’impétrante durant l’annonce de sa candidatur­e filmée dans sa cuisine et diffusée par la chaîne TV Rain. Elle s’est déclarée « contre tous » les personnage­s politiques russes.

« Du passé, faisons table rase ! », chantait-on autrefois sur la place Rouge. Pourtant, à Moscou, ils sont nombreux à penser qu’elle joue plutôt la posture que l’engagement sincère. A commencer par Alexei Navalny, un opposant que Poutine craint au point de l’avoir expédié en prison et frappé d’inéligibil­ité. Pour lui, Ksenia Sobtchak est une création du Kremlin. « Leur idée est simple, a-t-il affirmé dans un message sur YouTube, ils ont besoin d’une caricature de candidat libéral. Ils me traitent de criminel et mettent en avant Ksenia Sobtchak. » Guennadi Ziouganov, dinosaure communiste à la tête du vieux parti de Lénine, en a autant pour elle : « Sa candidatur­e fait tourner la prochaine élection à la farce tragique. »

Hormis sa célébrité télévisuel­le, la candidate n’a guère de passé politique à faire valoir pour défier le Président. Certes, en 2011, elle s’était mêlée aux protestati­ons des rubans blancs qui s’opposaient à une nouvelle candidatur­e de Poutine. Mais cette révolte éphémère n’avait pas débouché sur un mouvement solide.

« Les scores de Ksenia Sobtchak seront très bas, prédit le politologu­e Andreï Kolesnikov au quotidien économique RBC. Elle ne touchera qu’une certaine élite moscovite et pas au-delà. » En 2012 déjà, le Kremlin avait suscité la candidatur­e de l’oligarque Mikhaïl Prokhorov comme rival libéral de Vladimir Poutine. Il avait recueilli moins de 8 % des suffrages.

Au moins, la campagne électorale donnera du temps d’antenne à l’animatrice de télévision jugée sur le déclin.

 ??  ?? Ksenia Sobtchak, 35 ans, a débuté sa carrière en animant l’émission de télé-réalité « Dom-2 », version russe de « Loft Story ». Elle est aujourd’hui journalist­e sur une chaîne privée.
Ksenia Sobtchak, 35 ans, a débuté sa carrière en animant l’émission de télé-réalité « Dom-2 », version russe de « Loft Story ». Elle est aujourd’hui journalist­e sur une chaîne privée.

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