Le match : Président vs Paysan Breton
La planète manque de beurre et c’est une mauvaise nouvelle pour les Français qui en sont les premiers consommateurs au monde, avec en moyenne près de 8 kilos par an et par habitant. Soit le double de l’Européen moyen. Même les marques phares viennent à manquer dans les supermarchés et le prix de la matière grasse s’envole. Au cours des vingt derniers mois, sa cotation a gagné 200 %. Du jamais-vu ! « On savait depuis avril que l’on ne pourrait pas boucler l’année et qu’il n’y aurait pas assez de beurre pour tout le monde, note Gérard Calbrix, directeur des affaires économiques de l’Association de la transformation laitière française (Atla). Nous y sommes ! » La raison ? Longtemps décrié, le beurre a été réhabilité par plusieurs études scientifiques qui ont démontré qu’il n’avait pas les effets néfastes qu’on lui prêtait, en particulier sur le déclenchement des maladies cardio-vasculaires. La nouvelle a fait la une de Time en 2014 ! Depuis, la consommation a augmenté de 8 % en un an aux Etats-Unis. Les grandes chaînes de restauration, type McDonald’s, ont abandonné la margarine à l’huile de palme pour le beurre. A cela s’ajoute l’augmentation de la demande dans les pays émergents (les Chinois raffolent des croissants au beurre), mais aussi, parallèlement, la baisse de la collecte de lait, notamment dans les grands pays producteurs européens. Incitations européennes, baisse des cours, détérioration de la qualité des fourrages après une année de sécheresse… Tout a incité les éleveurs à réduire leurs troupeaux. A qui profite ce soudain intérêt pour le beurre ? Les géants de l’agroalimentaire comme Savencia (Elle & Vire) ou Lactalis, numéro 1 mondial des produits laitiers, restent discrets. « Il est plus facile pour les producteurs de produits laitiers de gérer une pénurie que des excédents », note Gérard Calbrix. Le beurre Président de Lactalis est leader sur le marché. Le groupe familial, que dirige Emmanuel Besnier (photo de gauche), connaît une forte croissance à l’international où il a engagé une dynamique politique d’acquisitions. En forme également : Laïta, première coopérative laitière du Grand Ouest, présidée par Guy Le Bars (photo de droite). Son beurre Paysan Breton, enroulé de vichy rouge et blanc, s’est imposé à la deuxième place en France, et même à la première sur le segment des moulés de tradition. « Face à la forte accélération des commandes liée à la pénurie, Paysan Breton a fait le choix de continuer de livrer, autant que le permet la disponibilité de sa matière première, ses marchés historiques, au lieu de se tourner vers les marchés mondiaux ponctuellement très valorisés », souligne-t-on au siège de la marque.