JEAN-LOUIS DEBRÉ

Le nouveau monde ressemble quand même beaucoup à l’ancien. C’est la réflexion, inévitable, que l’on se fait quand on lit le dernier livre de Jean-Louis Debré ( Tu le raconteras plus tard, Robert Laffont) et qu’on suit l’actualité politique. Le choix par Emmanuel Macron du nom du prochain délégué général de son parti La République en marche ressemble aux choix que faisait Jacques Chirac quand il plaçait ses hommes aux postes clés de l’Etat. Et l’on se dit qu’Emmanuel Macron s’est très vite coulé dans le moule de la Ve République. L’ouvrage de l’ancien ministre, outre le passage sur ses deux années au ministère de l’Intérieur marqué par la traque des auteurs des attentats de 1995 qui montre que le terrorisme islamique n’est pas nouveau en France, fourmille d’anecdotes et de scènes savoureuses comme ce rendezvous de juin 1998 à l’Elysée entre un Philippe Séguin, « volcan proche de l’éruption » , et Jacques Chirac qui tente de le convaincre de mettre de l’eau dans son vin sur la réforme de la justice. Evidemment, « Séguin explose, se lève et déclare que, dans ces conditions, il ne sera pas l’orateur du RPR ». « On n’est jamais déçu avec Philippe », conclut le chef de l’Etat, qui demande donc à Jean-Louis Debré de le remplacer au pied levé : « La justice, tu connais, tu as été juge d’instruction… » Jacques Chirac a eu raison de lui conseiller d’attendre quelques années pour raconter ces histoires et régler quelques comptes avec ses meilleurs ennemis de la famille gaulliste !