JÉSUS EN CHAIR ET EN TOC
En l’an 2000, Pascal Obispo, sentant peut- être l’appel de l’Esprit, avait commis la comédie musicale Les Dix Commandements. « Utilisations frauduleuses à la sauce mercantile de l’histoire du peuple d’Israël », écrivions-nous à l’époque. Aujourd’hui, il récidive. Sans doute pour réitérer la machine à cash qu’avait été cette production. Mais ce qui est arrivé aux marchands du temple n’a pas servi de leçon à ce mélodiste faiseur de tubes, ni d’ailleurs à son metteur en scène Christophe Barratier. Pourtant, ils ne sont pas les seuls à s’être essayés à l’exercice de la vulgarisation de la vie de Jésus. En son temps, Robert Hossein avait rempli les salles. Mais ici, Jésus ne fait pas recette.
Après l’interminable et infernal cycle des files d’attente, sécurité, retrait des billets, contrôle, placement… on entre enfin dans un Palais des sports avec une jauge réduite : un tiers des sièges ont été occultés par des rideaux noirs. Certes, le sujet reste difficile. Mais le résultat, pitoyable et désespérant, suffit à expliquer cette désaffection du public. Jean-Baptiste hurle dans le désert, Jésus lance des chansonnettes à l’eau de rose et aux rimes faciles au milieu d’un décor épuré mais de pacotille où quelques (bonnes) danseuses apparaissent. A moins que ce ne soient les pêcheurs avec leurs bateaux en toc qui, de leurs filets, ne remontent « que de l’eau ». Au bord de cette eau du lac de Tibériade où Jésus fit des miracles, son avatar en accomplit un autre : il chante ! La Bonne Nouvelle, titre phare de cette comédie, soulève le public, qui en scande le refrain. Seul moment de convivialité. L’autre titre, Danse démon danse, qui essaye d’illustrer avec de jeunes danseuses la tentation du Christ, est une caricature. En revanche, les ombres chinoises de la scène de la flagellation fonctionnent bien. L’ensemble est chanté sans orchestre avec un mixage souvent hasardeux. Si l’histoire du Christ est à peu près respectée, on reste stupéfait par cette vulgarisation sirupeuse et au ras des pâquerettes qui confine au ridicule.
Palais des sports jusqu’au 10 décembre ( 0.825.03.80.39) puis
tournée en France du 27 janvier au 10 mars.