BOSSUET EN CHAIRE ET EN OS
★★★ BOSSUET, de Joël Schmidt, Salvator, 304 p., 22 €.
★★★ BOSSUET, LA VOIX DU GRAND SIÈCLE, d’Arnaud Odier, 192 p., 14 €.
Paul Valéry disait que l’oeuvre de Bossuet (1627-1704) recèle « un trésor de figures, de combinaisons et d’opérations coordonnées » . Ce sont elles, mais tout autant celles de sa vie, que Joël Schmidt et Arnaud Odier mettent en évidence dans leurs biographies de l’Aigle de Meaux. On y suit l’itinéraire – non exempt de carriérisme – de ce brillant Bourguignon qui fut un théologien, un pasteur, un admirable écrivain animé, note l’essayiste Arnaud Odier, par « un perpétuel balancement entre l’amour de la vie contemplative et la nécessité de l’action » . Ami de saint Vincent de Paul, prédicateur courageux qui n’hésite pas à dire son fait au roi Louis XIV, précepteur d’un Dauphin récalcitrant, membre de l’Académie française, évêque de Meaux, l’ « oracle de l’Eglise gallicane » et gardien sourcilleux de l’orthodoxie catholique ferraille avec conviction, mais sans brutalité aucune contre le protestantisme, le jansénisme et le quiétisme, armé d’une piété
« d’ordre métaphysique » , écrit l’historien Joël Schmidt, par quoi il « entend s’abandonner à Dieu, l’Absolu et le Parfait » . Plus étonnante est « la hargne » qu’il manifeste contre ce « péril public » qu’est le théâtre, surtout celui de Molière et de Corneille, coupable de mettre en scène des passions condamnables entretenant la convoitise et la « concupiscence de la chair » . A le lire, la chaire n’en est pas dénuée non plus, et c’est heureux. RÉMI SOULIÉ