AU NOM DU PÈRE
LE SEIGNEUR DE CHARNY, de Laurent Decaux, XO éditions, 418 p., 19,90 €.
1382. Après six années de croisades désastreuses en Orient, Jacques de Charny n’aspire qu’à retrouver la chaleur des siens en son fief de Champagne. L’accueil n’est pourtant pas celui qu’il espérait : à Lirey, une foule se presse bien autour du château mais elle n’est pas pour lui. Il s’agit de pèlerins venus se recueillir devant le suaire ramené de Constantinople par un aïeul. Jacques s’insurge : feu son père ne voulait pas exposer la relique afin d’éviter un conflit avec l’Eglise qui contestait son authenticité. Ce qui ne manque pas : l’évêque de Troyes menace la famille d’excommunication. Sa mère s’emporte aussi contre lui : le domaine a été ruiné par la peste, la guerre et… le coût de sa croisade. Tout le monde lui reproche son absence y compris sa soeur et son ancienne fiancée désormais mariée avec un vieux et riche roturier. Entre le désir d’honorer la mémoire de son père et la culpabilité, Jacques ne sait que faire. Jusqu’à l’arrivée d’un jeune baron qui va tout bouleverser.
Bon sang ne saurait mentir : Laurent (fils d’Alain) Decaux est un admirable conteur. S’inspirant d’un fait réel, il dessine avec une rigueur méticuleuse et un sens du romanesque haut en couleur une fresque historique flamboyante. Rivalité entre Avignon et Rome, complot au sein de la maison de France, banquets festifs, rixes dans les ruelles et les auberges, histoires d’amour courtoises et grivoises, l’auteur signe un formidable roman de cape et d’épée. MARIE ROGATIEN