UNE SAISON EN ROBE DE CHAMBRE
Au XVIIIe siècle, il était assez fréquent pour les aristocrates de poser devant un artiste en robe de chambre. Ces portraits distillent des sentiments divers d’aise, de confort, mais aussi de puissance et de majesté. Car être représenté ainsi vêtu demande une certaine liberté d’esprit et une grande assurance. Au fil du temps, la robe de chambre évolue peu. Elle reste d’abord et avant tout un vêtement d’intérieur fait pour avoir chaud. Le XIXe siècle développe la coupe avec des versions croisées plus tailleur, les fermoirs à brandebourgs apparaissent, le col châle large, présentant parfois un matelassage, devient la norme. Le vêtement garde un statut de représentation. Il est possible de recevoir chez soi ses égaux ou ses inférieurs ainsi vêtu. Certains gentlemen sensibles aux modes développent à une certaine époque un goût pour l’orientalisme. Le port du petit chapeau nord-africain fez, en feutre rouge tronconique avec une retombée de franges noires, complète alors la tenue.
Si, auparavant, les draps de laine étaient plutôt sobres, ils deviennent eux au s s i r iche s e t exotiques. Brocart et jacquard donnent à la soie une profondeur et une vivacité nouvelles. Les années 1920 et 1930 apprécient particulièrement ce grain de folie associé aux grandes robes de chambre ostentatoires. Les figures hautes en couleur se font encore représenter ainsi couverts. Oscar Wilde ne disait-il pas, quelques décennies plus tôt :
« Il faut soit être une oeuvre d’art, soit porter une oeuvre d’art. » Avec le développement du chauffage central, la robe de chambre s’éclipse peu à peu. Quelques rares messieurs la portent toutefois encore. Il y a ceux qui préfèrent la légèreté de la soie gansée, et d’autres qui apprécient la lourdeur d’un bon poil de chameau. Seule règle absolue : ne jamais tomber dans le mauvais goût, ni pour le choix du modèle, ni dans l’usage que l’on en fait. Les robes de chambre sont faites pour les grands élégants, uniquement.
La légèreté de la soie gansée