VIN ROSÉ D’AUTOMNE
Le Château de Pibarnon, à Bandol, présente le quatrième millésime de Nuances, son vin de l’été indien, un pur mourvèdre. Superbe.
Il y a de plus en plus de rosés en Provence et parmi eux, beaucoup de vins très techniques. Pour ne pas être noyés dans cette offre et rester ambitieux, nous devions proposer quelque chose d’unique, qui ne pouvait pas être produit ailleurs. C’est ainsi que le 100 % mourvèdre s’est imposé », explique Eric de Saint-Victor, propriétaire du Château de Pibarnon, un des plus beaux domaines de la France méridionale, et à coup sûr un des plus réputés de Bandol. Au-delà de son cadre unique, Pibarnon, avec et sa cinquantaine d’hectares perchés à 300 mètres d’altitude sur la colline du Télégraphe, face à la Méditerranée, se singularise par son cépage, le mourvèdre donc, venu du sud de l’Espagne. « C’est un hidalgo, un habitué du soleil, un aristocrate vers lequel certains amateurs ont du mal à aller, parce qu’il impressionne. » Les Saint-Victor, quant à eux, l’ont adopté depuis belle lurette, en rouge tout d’abord. Sa traduction en rosé, notamment avec ce Nuances, est exceptionnelle. « Nous prenons bien garde à cueillir le raisin quand il est froid, afin de limiter l’extraction et pour ne pas avoir trop de tanins, ni trop de couleur. Pour cela, il suffit d’attendre que le Mistral souffle. Ce qui finit toujours par arriver. » Ensuite, tout est fait pour que le vin conserve de la tension, une jolie vibration et de la pureté. Un tiers des jus est élevé dans des jarres en grès. « Je ne voulais surtout pas d’une cuvée trop évanescente, ce n’est pas le style de la maison », indique Eric de Saint-Victor. Comme son propriétaire, ce rosé complexe, subtilement épicé, a un caractère bien trempé. Environ 5 500 bouteilles sont produites chaque année, depuis 2014. Nuances s’impose comme un vin de gastronomie qui appelle la chair. Des expériences d’accompagnement de toasts de grive et autres gibiers ont été couronnées de succès. Il se marie tout aussi bien avec les abats. Bref, il sait séduire un public a priori plus porté sur le rouge et la chasse, qui attend une vraie consistance en bouche. Un inclassable à déguster sous le soleil d’automne, ou n’importe quand. STÉPHANE REYNAUD Prix : 29 €.