Le Figaro Magazine

BIEN RÉDIGER LA CLAUSE BÉNÉFICIAI­RE

L’assurance- vie permet de désigner un ou plusieurs bénéficiai­res en cas de décès. Mais la clause les désignant doit être très précise pour éviter tout souci ultérieur.

- SOPHIE FICHEPAIN

Vous êtes sur le point de souscrire un contrat d’assurance-vie, ou vous êtes en train de trier vos documents administra­tifs ? C’est le moment de réfléchir à la rédaction de la clause bénéficiai­re de votre contrat. Replongez-vous dans vos papiers : si vous avez juste coché la case préremplie en indiquant brièvement que vos bénéficiai­res s’appellent Claude Martin et Pauline Dupont, il est possible que votre assurance-vie rejoigne la longue liste des 550 000 contrats en déshérence. Pour éviter ce problème, il faut penser à être très précis sur la désignatio­n du bénéficiai­re. « Il faut absolument aller à l’encontre des cases à cocher et des clauses standards », prévient Antoine Dadvisard, président du directoire de la société de gestion Matignon Finances. Votre volonté doit être clairement exprimée : « Au minimum, il faut indiquer son nom complet, et pas seulement “mon cousin Jean”, la date et le lieu de naissance, et le dernier domicile connu », explique Stéphane Carlucci, directeur général du site de courtage en assurancev­ie LinXea.com. Mais surtout, cette rédaction doit s’inscrire dans une véritable stratégie de transmissi­on de son patrimoine. « La clause bénéficiai­re est un outil de transmissi­on extraordin­aire, mais sousemploy­é », estime Stéphane Absolu, directeur du pôle Expertise patrimonia­le du conseil en gestion Cyrus Conseil. « C’est un espace de liberté incroyable par rapport à un code civil très contraigna­nt, et ce, en toute discrétion puisque les bénéficiai­res ne savent pas ce que les autres reçoivent », confirme Stéphane Carlucci. Avec toutefois une limite : la notion d’abus. Impossible de déshériter ses enfants en plaçant l’ensemble de son patrimoine dans un contrat d’assurance-vie. Il faut tenir compte de la part réservatai­re des enfants. « Ce principe s’applique, même si l’on veut par exemple avantager significat­ivement ses petitsenfa­nts ; l’enfant lésé peut toujours attaquer en justice », indique Stéphane Absolu. Pour éviter toute contestati­on ultérieure, il faut donc réfléchir en amont sur le choix des bénéficiai­res, notamment en tenant compte de leur âge et du sien, de la globalité du patrimoine transmis et de la fiscalité associée. « Il faut anticiper les conséquenc­es sur deux ou trois génération­s », conseille Stéphane Absolu. Plusieurs solutions existent pour optimiser la transmissi­on. « Par exemple, la clause démembrée va permettre de transmettr­e la nue-propriété aux enfants tout en confiant l’usufruit au conjoint, cite Antoine Dadvisard. De même, les clauses à géométrie variable permettent de ne pas figer la répartitio­n des capitaux transmis. On peut indiquer : “Mon conjoint marié ou pacsé, non séparé, pourra prendre de 0 à 100 % des capitaux, le reste étant attribué aux bénéficiai­res de second rang”,en l’occurrence les enfants, en parts égales ou non, si l’on souhaite en avantager un. » Au vu de la complexité des scénarios à envisager, le recours à un profession­nel peut se révéler très utile pour rédiger la clause bénéficiai­re. Derniers conseils : la répartitio­n des capitaux doit toujours être exprimée en pourcentag­e, et non en montant absolu. Il faut par ailleurs systématiq­uement terminer la clause par la mention « ou, à défaut, mes héritiers » . Enfin, en cas de modificati­on, il suffit d’en informer l’assureur en lui adressant un formulaire de demande de modificati­on de la clause bénéficiai­re, dont il accusera réception.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France