Le Figaro Magazine

COMMENT SONT TAXÉS LES GAINS ?

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Le Figaro Magazine – Quelle est la fiscalité des propriétai­res de chevaux de course ? Me Christophe Leblond, avocat fiscaliste chez Concilium – Tout dépend du statut de l’investisse­ur. Il existe trois catégories de propriétai­res : les non-profession­nels non–intervenan­ts, les non–profession­nels intervenan­ts et les profession­nels. Chez les profession­nels, les gains sont imposés à l’impôt sur le revenu. S’il y a un déficit, celui-ci est imputable pendant six ans sur le revenu global. Il faut avoir au moins une dizaine de chevaux, ses propres couleurs et intervenir dans la gestion de la carrière du cheval pour obtenir ce statut, mais le propriétai­re peut exercer une autre activité profession­nelle. Le propriétai­re nonprofess­ionnel, s’il est intervenan­t (dans la gestion de la carrière du cheval) est imposé sur ses gains mais ne peut reporter ses pertes que sur ses revenus de même nature pendant six ans. C’est un statut hybride. Enfin, le non profession­nel, non intervenan­t est exonéré d’impôt sur ses gains de courses. C’est le cas de la plupart des petits propriétai­res qui confient la gestion de la carrière de courses de leurs chevaux à un entraîneur.

Est-ce un statut fiscal plus favorable ?

Oui et non, ceux qui détiennent leurs chevaux en direct ne sont pas taxés sur les gains, ce qui est évidemment plus avantageux, mais ils sont soumis à l’impôt sur les plus-values sur les ventes de chevaux (19 % + les prélèvemen­ts sociaux qui passeront de 15,5 % à 17,2 % en 2018 après un abattement de 5 % par an après deux ans de détention). Ils ne peuvent en revanche pas imputer leurs pertes, s’ils revendent deux chevaux l’un en plus-value, l’autre en moins-value, ils ne pourront pas compenser la plus-value réalisée sur le premier par la moinsvalue de l’autre. Les propriétai­res qui sont dans des écuries de groupe peuvent se trouver soit dans des sociétés civiles ou des sociétés en nom collectif soumises à l’IR, soit dans des sociétés commercial­es imposées à l’IS qui leur verseront des dividendes. Dans tous les cas, ils sont considérés comme des non profession­nels intervenan­ts et sont donc taxés sur les gains de course. Enfin, les non-profession­nels ne peuvent pas déduire la TVA (20 % pour les activités de course et 10 % pour l’élevage).

Et comment cela se passait-il pour l’ISF ?

Les chevaux de course étaient déclarable­s à l’ISF par les propriétai­res qui les détenaient en direct, mais leur valeur est difficile à apprécier : elle peut considérab­lement varier en fonction d’une course réussie ou ratée, ou encore d’un problème vétérinair­e. La plupart des nouveaux propriétai­res constituen­t une société, leurs parts devaient être déclarées. Enfin, pour les profession­nels, les chevaux ou les parts de sociétés pouvaient constituer un bien profession­nel exonéré d’ISF.

Finalement, la France est-elle compétitiv­e ?

La fiscalité est à peu près en ligne avec celle des pays voisins. La TVA est moins élevée en Irlande que chez nous, mais le prix des pensions est plus élevé à qualité comparable. ■ PROPOS RECUEILLIS PAR C. P.

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