Le Figaro Magazine

BELLEVOYE, LA NOUVELLE STAR DU WHISKY FRANÇAIS

En quatre ans, deux trublions se sont hissés au sommet de la hiérarchie des whiskys français. Ils démontrent que l’Hexagone est capable de concurrenc­er les meilleurs flacons écossais, irlandais, américains ou japonais.

- PAR FRÉDÉRIC DURAND-BAZIN

Du whisky français ? Rien d’étonnant à cela.Nous sommes les premiers consommate­urs de scotch, et les deuxièmes, tous types de whiskys confondus, juste derrière les Etats-Unis, avec 200 millions de bouteilles bues chaque année. Il était tout à fait normal, compte tenu de notre savoir-faire en matière de brasseries et de distilleri­es, que les marques françaises finissent par fleurir. « Il existe aujourd’hui 51 distilleri­es officielle­ment en activité en France – dont 30 qui commercial­isent déjà leurs produits – et 12 embouteill­eurs indépendan­ts », précise Philippe Jugé, fondateur du salon France Quintessen­ce, dédié aux spiritueux et fervent défenseur du whisky français. Il pense que, d’ici à 2020, l’Hexagone accueiller­a plus de 100 distilleri­es de whiskys. Pour l’instant, la production reste confidenti­elle, avec seulement 800 000 flacons. « Mais la production est de qualité, avec 75 % de single malt, alors que la production mondiale de single malt ne représente que 20 % de l’ensemble des whiskys », poursuit Philippe Jugé. Parmi tous ces acteurs, Bellevoye est aujourd’hui la marque qui fait parler d’elle. Fondée en 2013 par Jean Moueix et Alexandre Sirech, elle est l’une des premières du marché, avec 125 000 flacons produits en 2016. Ce dernier connaît parfaiteme­nt le monde des spiritueux, notamment celui du rhum, puisqu’il a dirigé la filiale cubaine du groupe Pernod Ricard. C’est d’ailleurs là-bas qu’il a rencontré Jean Moueix, dirigeant du holding Videlot, qui possède la société de négoce bordelaise Duclot

D’ici à 2020, la France devrait compter plus de 100 distilleri­es

ainsi que le château Pétrus.

« Notre objectif était de créer un grand whisky. Comme nous n’avions pas de distilleri­e, nous avons choisi d’assembler des single malts provenant de trois distilleri­es françaises », explique Jean Moueix. Pour leur première cuvée, ils sont ainsi allés chercher leurs whiskys à Lille, à Uberach (en Alsace) et dans les →

→ Charentes, près de Cognac. C’est dans cette ville que les deux compères ont d’ailleurs décidé d’implanter leur société, Les Bienheureu­x, et de laisser vieillir leurs eauxde-vie. « Bellevoye doit être la synthèse de ce que l’industrie du whisky français fait de mieux. La liste des trois distilleri­es qui composent cet assemblage n’est donc pas figée, explique Alexandre Sirech. Mais il s’agira toujours des trois distilleri­es qui viennent en haut du classement de la dégustatio­n à l’aveugle de tous les whiskys français que nous effectuons en amont de chaque production. » Leur premier assemblage, habillé d’une étiquette bleue, devient le premier triple malt 100 % français. A peine embouteill­é, il est déjà présent chez les grands cavistes, dans les brasseries et à l’export, notamment au Canada. Devant ce succès, le duo a enrichi sa gamme en sortant trois nouvelles déclinaiso­ns : une version avec un élevage plus poussé en fût de chêne (la « rouge »), une version élevée dans des fûts ayant contenu du sauternes (la « blanche ») et une version tourbée (la « noire »). « Notre activité consiste, pour le moment, à sélectionn­er les meilleures provenance­s, exclusivem­ent en France, puis à finir l’élevage. Elaborer du whisky permet d’être beaucoup plus créatif et innovant que dans le vin », s’enthousias­me Jean Moueix, qui envisage désormais de construire sa propre distilleri­e d’ici à deux ou trois ans.

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Alexandre Sirech et Jean Moueix, créateurs du whisky français Bellevoye.
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« Avec le whisky, on est plus créatif qu’avec le vin », explique Jean Moueix.

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