Le Figaro Magazine

Les week-ends de... Gilles Martin-Chauffier

- CYRIL HOFSTEIN

Entre la terre bretonne et le journalist­e et écrivain qu’est Gilles Martin-Chauffier, le lien est à la fois charnel et passionnel. Martin-Chauffier parle de la Bretagne comme il le ferait d’une femme, à la fois épouse, mère et odalisque. D’elle, il aime tout, sans condition. Dès qu’il le peut, il rejoint l’île aux Moines, dans le golfe du Morbihan, où sa famille possède une maison depuis 1880. Vannetais, îlien, Breton, l’homme s’y dissout et s’y retrouve. On le croise sur la grève, comme le long du sentier côtier. Autour de Houat, de Hoëdic ou de la Trinité, il navigue depuis sa jeunesse. Au château de Suscinio, ancienne résidence des ducs de Bretagne au bord de Mor braz, à Sarzeau, il emporte les siens dans ses rêves celtiques. Comme beaucoup, au comptoir du bistrot Le Corlazo, à Conleau, il refait le monde et s’amuse de voir la même devise indépendan­tiste, « Breton toujours, Français jamais », ressurgir, malgré les efforts de la préfecture qui ne cesse de la faire effacer, sur le mur de granit qui longe l’anse permettant de sortir de la presqu’île.

Né à Neuilly-sur-Seine, Gilles Martin-Chauffier, rédacteur en chef à Paris Match, fait partie de ces Bretons de Paris qui ont retrouvé leur culture et leur identité loin des vagues du Finistère

Plus qu’un pays, la Bretagne est un état d’esprit

et de la terre du Trégor. Sans passer par l’apprentiss­age de la langue ou les fest-noz, il a su retrouver la fierté simple de ses origines. Au point de lui consacrer aujourd’hui un livre, Du bonheur d’être breton (Editions des Equateurs), dans lequel il fait le pari d’une Bretagne un jour indépendan­te. « Ma grand-mère disait : quand tout va mal, le Corse sort son fusil ; le Breton, lui, se jette dans un puits. Il y a, en Bretagne, une forme de tolérance et de non-violence à rebours de l’image de chouan qui lui colle à la peau, dit-il, avant d’ajouter : Quand un Breton fait flotter au vent le Gwenn ha Du, le drapeau de la Bretagne, c’est sa passion qu’il montre, et non sa nation. Je crois à une dissolutio­n amicale et légère de la France au profit de ses régions. En ce moment, la cloche sonne à Barcelone. Mais le carillon traverse les frontières. » Sonnera-t-il demain sur l’île aux Moines ?

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